Cosi Fan Tutti
Antonio Cuenca Ruiz, Maël Bailly / Miroirs Étendus
opéra
13 ans +
2:00
€ 33 / 17 réduit / 8 – 15 ans / 24 carte malraux
MA 21 JAN 20:00
ME 22 JAN 20:00
Miroirs étendus s’est fait une spécialité de la création d’opéras d’aujourd’hui et de la relecture des grands chefs-d’œuvre. Cette fois-ci, ils revisitent Cosi fan tutte (« c’est ce qu’elles font toutes ») de Mozart. L’intrigue en est simple : deux jeunes hommes mettent à l’épreuve la fidélité de leurs fiancées respectives en se faisant passer pour d’autres. Cette version fait fi du déguisement trompeur et propose un jeu assumé par les deux couples, rendant aux figures féminines leur part de libre-arbitre. D’où ce nouveau titre, Cosi fan tutti (« C’est ce que tout le monde fait »). Six chanteurs au plateau et neuf musiciens en fosse s’emparent de l’adaptation musicale signée Maël Bailly qui, par cette instrumentation inédite, donne à la partition originale des couleurs actuelles.
Création
Antonio Cuenca Ruiz adaptation du livret et mise en scène
Maël Bailly musique, d’après W.A Mozart
Léo Margue direction musicale
Margaux Poguet, Mathilde Ortscheidt, Marie Soubestre, Sahy Ratia, Romain Dayez, Ronan Nédélec, Ensemble Miroirs Étendus
Romain Louveau direction artistique de Miroirs Étendus
Bastien Poncelet scénographie et costumes
photographies Pierre Martin Oriol (toile et retouches) & Antonio Cuenca Ruiz (ouverture)
Philippe Gladieux lumières
Valentin Bodier régie lumière
Maud Morillon assistanat à la mise en scène
Romane Vanderstichele chargée de production
-
Production : Miroirs Étendus Coproduction : Atelier Lyrique de Tourcoing, Opéra de Lille, Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne, Théâtre du Beauvaisis / scène nationale ; Soutiens et accueils en résidence : la Caisse des Dépôts, MC2:Grenoble, Opéra de Rennes, La Barcarolle – le Moulin à Café, Malraux scène nationale Chambéry Savoie, la Spedidam, l’Adami, le CNM, la DRAC Hauts-de-France, la Région Hauts-de-France
Édito
Comment s’entendrait Mozart réinterprété avec liberté et fougue, un Mozart débridé, impétueux et impatient, chantant nos espoirs déçus autant que l’urgence du présent ? Comment s’entendrait un opéra de Mozart mêlant instruments classiques et modernes, un opéra où le violon, le violoncelle et la clarinette dialoguent avec la guitare électrique, l’onde Martenot et le saxophone ? Un opéra jouant avec l’infinie plasticité du génie mozartien et maniant librement l’anachronisme ?
Été 1789 : les sans culottes du Faubourg Saint-Antoine prennent d’assaut la Bastille. L’Europe s’enflamme. L’Histoire bascule.
À plusieurs centaines de kilomètres de là, Mozart reçoit commande d’un nouvel opéra : Così fan tutte. Le livret suit un canevas éprouvé : deux adolescents, Guglielmo et Ferrando, sûrs de la fidélité de leurs fiancées Fiordiligi et Dorabella, relèvent un défi lancé par leur ami Alfonso afin de mettre leurs convictions à l’épreuve.
C’est la première fois depuis qu’il est adulte que Mozart ne choisit pas lui-même le sujet d’un opéra, qui lui est cette fois soumis par l’empereur Joseph II. Pour le souverain et sa cour, il s’agit de discipliner un compositeur jugé trop subversif, chantre de la liberté. Mis à l’écart en raison de ses audaces, Mozart n’a alors aucune commande d’envergure devant lui. Il est criblé de dettes. Il accepte.
Que serait Così une fois délesté des conventions d’Ancien Régime avec lesquelles compose Mozart ?
Dans l’oeuvre originale, Guglielmo et Ferrando mettent à l’épreuve leurs fiancées en faisant mine de quitter la ville pour y revenir déguisés en étrangers charmeurs. Épaulés par Despina, ils séduisent les deux femmes sous cette nouvelle identité. Nous retrouvons là des stéréotypes de comédie : un barbon cynique (Alfonso), une soubrette futée (Despina), et des jeunes gens aussi interchangeables qu’ils sont sans histoire.
Si nous admettons que Mozart transcende la frivolité de son sujet, que sa musique rend aux personnages leur épaisseur d’êtres humains, peut-on croire à la naïveté de Fiordiligi et Dorabella ? Est-il aujourd’hui crédible qu’elles ne reconnaissent pas leurs fiancés déguisés ?
Que serait Così si les femmes y étaient tout à fait clairvoyantes et participaient activement au jeu des hommes, au lieu d’en être les victimes ?
Così fan tutte, « ainsi font-elles toutes », déclare Alfonso – donnant à l’opéra son titre original. Mais que font-ils, eux ? Guère mieux, répond Despina, pour qui les hommes « sont tous faits de la même pâte » (di pasta simile son tutti quanti). Hommes et femmes se reprochent mutuellement leur fragilité, reconnaissant cependant qu’ils et elles – tutte et tutti – sont tous faits d’os et de chair.
Menant à terme la démonstration à l’oeuvre dans l’opéra, cette adaptation en altère sobrement le titre original : non plus Così fan tutte mais Così fan tutti. Tout le monde fait comme ça. Toutes et tous sommes pétris de désir, traversés par une indomptable force de vie. Tôt ou tard nous nous trahirons. Et toutes et tous nous saurons pardonner.
Antonio Cuenca Ruiz
Antonio Cuenca Ruiz
Diplômé de L’ENS de Lyon, Antonio Cuenca Ruiz s’engage comme dramaturge à la Monnaie de Bruxelles jusqu’en 2019. En parallèle de ses activités à la Monnaie, il collabore avec d’autres metteurs en scène, en particulier Peter Sellars – La Clémence de Titus et Idoménée de Mozart, Kopernikus de Vivier, le Roman de Fauvel et Médée de Charpentier. En tant que dramaturge, il collabore aux créations Faust [working title] et I have missed you forever en collaboration avec Lisenka Heijboer Castañón et Manoj Kamps, ainsi qu’à The Time of Our Singing (Kris Defoort), mis en scène par Ted Huffman. En 2019, il a conçu et mis en scène Un Conte d’hiver, spectacle musical d’après Shakespeare créé à l’Opéra de Rouen avec la soprano Elsa Dreisig (production Miroirs Étendus). En octobre 2020, il a conçu et présenté à l’Opéra de Lille Les Quotidiennes, un cycle de lectures faisant découvrir des œuvres méconnues d’autrices du XVIIe siècle français. Au sein de l’Atelier scénario de la Fémis, il développe actuellement Clairières dans le ciel, un long métrage inspiré par des mélodies de la compositrice Lili Boulanger.
Maël Bailly
C’est par la pratique des musiques improvisées que Maël Bailly prend le chemin de l’invention musicale. Il découvre, en intégrant la classe d’alto de Gilles Deliège au conservatoire de Tours, le répertoire contemporain, mystérieuse et attirante curiosité. L’ouverture en 2012 de l’atelier de composition d’Alessandro Solbiati va être déterminante : il y découvre, avec un mélange d’enthousiasme et de circonspection, la cuisine de l’écriture. Il entre l’année suivante dans la classe d’écriture XX-XXIe siècle d’Alain Mabit, puis, dans celle de composition de Gérard Pesson. Au gré des complicités artistiques, sa musique rencontre le cirque, le théâtre, la performance ou les animés. En 2023, L’Ensemble Intercontemporain lui commande la première opérette de son histoire : Écho, Narcisse et l’art d’aimer, conçu avec la soprano Marie Soubestre et le metteur en scène Benjamin Athanase. Il prépare une thèse de recherche-création SACRe intitulée Changez d’adresse : la musique contemporaine à l’épreuve d’un dépaysement.
Miroirs Étendus
Miroirs Étendus est un ensemble musical à géométrie variable fondé sur une compréhension contemporaine de l’opéra et du concert. Implanté dans les Hauts-de-France, il est animé par Fiona Monbet, Romain Louveau Othman Louati et Emmanuel Quinchez. Dédié à la musique d’aujourd’hui, Miroirs Étendus explore les répertoires de la musique contemporaine jusqu’à la création, passant chaque année plusieurs commandes à des compositeur.rice.s. Il revisite la musique écrite, combinant la musique acoustique –souvent sonorisée – à la musique électronique. Avec ses musicien.ne.s, Miroirs Étendus s’associe à des artistes issus de tous les champs de la création pour créer des formes d’opéras d’aujourd’hui et des récitals augmentés, affirmant une ligne forte pour la dramaturgie, le son et la lumière qui fait partie de son identité. Miroirs Étendus collabore avec d’autres structures de production pour la création d’opéras pour lesquels il joue en fosse, de spectacles liant fortement théâtre et musique au plateau, et des objets lyriques et musicaux de toutes formes, jusqu’au film.
Prochainement
théâtre
16 ans +
La vegetariana
Daria Deflorian
Prix Nobel de littérature 2024, Han Kang dessine avec son chef d’œuvre La Végétarienne un vertigineux portrait de famille teinté des violences du monde. Daria Deflorian exsude de la puissance du texte un élixir théâtral.
ME 05 — JE 06 FÉV
théâtre charles dullin
musique
théâtre
9 ans +
tout public
Pater Nap
Inspiré de l’univers de Peter Pan
Ensemble 2e2m / Cie Le Boucan
Le pays de Peter Pan prend vie dans des sonorités modernes aux accents légèrement rock et une scénographie en évolution permanente.
ME 12 — JE 13 FÉV
théâtre charles dullin