Les Dimanches de Monsieur Dézert

Lionel Dray

théâtre

11 ans +

1:10

16 / 10 réduit / 8 –15 ans / 12 carte malraux

MA 11 FÉV 19:00

ME 12 FÉV 19:00

JE 13 FÉV 19:00

VE 14 FÉV 19:00

espace malraux

studio

Dans son petit théâtre de l’absurde, Lionel Dray incarne à lui seul toute une galerie de personnages, candidats et jury d’un jeu-concours organisé par le journal local. Il s’agit d’élire le meilleur scénario pour l’adaptation au cinéma de la nouvelle de Jean de La Ville de Mirmont Les Dimanches de Monsieur Dézert. Les candidats se succèdent les uns après les autres, ouvrant sur des univers irrésistiblement drôles et incertains, emplis de musique. Clown lunaire et désabusé, jouant sans cesse d’une réjouissante connivence avec le public, Lionel Dray est l’improbable chef d’orchestre de cet exquis petit monde. Alors oui, certes, il va être question de cinéma et de jeu-concours, mais probablement aussi d’apocalypse, de hyènes, de cailloux, de mélancolie, et d’âme…

LA PRESSE EN PARLE

« Il y a des spectacles qui filent vite. On aurait envie de rester plus longtemps dans la salle. Mais aussi, parce qu’ils ne sont à l’affiche qu’une poignée de soirs, il faut se dépêcher si on ne veut pas rater l’ovni joué et conçu par Lionel Dray, miraculeux de drôlerie et de métamorphoses au plateau. »

Libération, Anne Diatkine

d’après la nouvelle de Jean de La Ville de Mirmont
Lionel Dray
mise en scène et jeu

Jean-Baptiste Bellon scénographie
Gaëtan Veber régie générale et lumière
Gwendoline Bouget costumes

-

Production (reprise 2023) théâtre Garonne, scène européenne – Toulouse
Production (reprise 2021) la vie brève – Théâtre de l’Aquarium
Production (création 2018) Compagnie Le Singe
Diffusion théâtre Garonne, scène européenne – Toulouse

Entretien avec Lionel Dray

 

Vous avez souvent travaillé sur des projets atypiques avec Jeanne Candel. Qu’est-ce qui, dans ces expériences, a le plus marqué votre rapport au théâtre ?

Dans les créations que j’ai pu partager avec Jeanne Candel, le principe de départ est de ne pas concevoir le spectacle pour une boîte noire mais de l’imaginer pour un lieu spécifique. Ce qui nous guide alors, ce sont des visions de spectacles dans des lieux atypiques, hors des salles de théâtre. C’est une façon d’envisager le travail qui se révèle être très riche car ainsi, ce sont les lieux qui nous donnent des histoires à raconter. Nous extirpons les histoires du lieu qui nous abrite. Toute la recherche consiste ensuite à trouver la forme qui pourra révéler le lieu. Le cadre est un élément central du projet, le lieu est le personnage principal de l’histoire en train de s’écrire. Pendant le travail, certaines pistes explorées ne sont finalement pas retenues dans la version finale. Toutes ces rêveries esquissées s’accumulent et j’ai eu envie de m’y plonger à nouveau, de les réinterroger et de voir comment elles peuvent résonner avec l’univers de Monsieur Dézert.

 

C’est le premier projet que vous portez seul. Qu’est-ce qui a motivé votre envie de créer, mettre en scène et jouer ce seul en scène ?

Le désir est né de ma rencontre avec l’écriture et la vie de Joe Bousquet. Poète de Carcassonne, blessé à la guerre très jeune, il passa le reste de sa vie allongé dans son lit. À son chevet, tout le monde littéraire de l’époque se pressait. Suite à une déambulation poétique autour de son oeuvre, l’envie est venue de déployer ce tissu-là, de prendre le temps d’en observer les plis même si ce ne sont pas les mots de Bousquet qui nourrissent la base de ce spectacle. Comme lui, Mirmont part jeune à la guerre mais elle lui sera fatale. J’ai souhaité une forme très légère, qui puisse se jouer partout. Seul mais traversé par tous les personnages, je crée avec le public un rapport de connivence, je tente d’être à l’écoute et de capter les émotions du moment, d’absorber tout ce qui est en train de se passer. Joseph Danan évoque dans son dernier essai le texte « gisement », soit l’oeuvre dont le metteur en scène part, mais dont il extrait par la suite le gisement de son propre spectacle sans parfois même en garder un seul mot.

 

Quelle est la place de la nouvelle de Jean de La Ville de Mirmont sur le plateau, est-ce une adaptation ou un gisement ?
Voilà longtemps que je ne m’étais pas confronté à un texte pré-existant. Mais non, il ne s’agit pas d’une adaptation mais bien de la transposition sur scène du suc de la nouvelle. J’ai surtout travaillé sur la manière d’être au monde du personnage, Jean Dézert, sa présence lunaire, son rapport anonyme à la société, sa vie sans grand malheur mais sans enthousiasme non plus. J’aime sa faculté à absorber la violence ou la douleur sans rejet. Un aphorisme d’Henri Michaux le croque parfaitement je crois « Faute de soleil, sâche murir dans la glace ». La trame narrative est aussi différente de la nouvelle ; il s’agit ici d’une audition suite au grand concours organisé par le journal local. Qui va donc pouvoir adapter au cinéma la nouvelle ? Cette mise à distance du récit me permet de composer une polyphonie punk et d’endosser le costume du chef d’orchestre de ces multiples voix. La coloration du spectacle est très proche de l’esprit du texte alors que la forme a été pensée non comme un récit mais comme un portrait en creux de la figure archétypale du clown triste. Comme dirait l’autre : « Il vadrouille dans ces jours comme une putain dans un monde sans trottoirs ». Oscillant en ce début de XXe siècle entre l’expérience de la grande ville et la béance qu’elle produit chez ceux qui la peuplent, Monsieur Dézert est un clown, de ceux qu’il est agréable de voir dans la situation la plus désastreuse possible. La plus morne aussi. Toilette le matin, papier et formulaire le midi et promenade le soir. Ainsi pour l’éternité.

 

Propos recueillis par Marie Sorbier pour le Festival d’Automne à Paris – mai 2019

 
Jean-Baptiste Bellon

Jean-Baptiste Bellon a pour domaines d’expérimentation le cinéma (court-métrages, animation, super 8 et 16 mm expérimental) la photographie et la bande dessinée. Converti à l’art dramatique sur les bancs de l’Université de Provence, il est amené à travailler avec Danièle Bré, Pierre Maillet, Léopold Von Verschuer… en étudiant simultanément les Arts Plastiques. En 2008 il sort diplômé de l’ESAD du Théâtre National de Strasbourg, où il a reçu les enseignements de Christian Rätz, Pierre- André Weitz, Daniel Jeanneteau… Depuis, il conçoit et réalise régulièrement des scénographies pour Le T.O.C., Laurent Vacher, Sylvain Creuzevault notamment, et participe à de nombreux autres projets théâtraux et musicau

 
 
Lionel Dray

Après des études au conservatoire du 5ème arrondissement de Paris, Lionel Dray intègre en 2006 le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique ; il a comme professeurs Dominique Valadié, Yann-Joël Collin, Pascal Collin et Nada Strancar. À sa sortie du conservatoire, il joue dans les spectacles de Jeanne Candel avec la vie brève : Robert Plankett, Nous brûlons, Dieu et sa maman et Demi-Véronique. Il travaille depuis 2013 dans les créations de Sylvain Creuzevault, Le Capital et son Singe (2014), Angelus Novus Antifaust (2016), Les Tourmentes (2018) et Banquet Capital (2018). Il répète sa première création Les Dimanches de Monsieur Dézert à Eymoutiers, en Haute-Vienne, dans les anciens abattoirs de la commune que Sylvain Creuzevault a décidé, avec sa compagnie Le Singe, de transformer en théâtre. Le spectacle est créé en août 2018 au Festival théâtre rate et est en tournée depuis.