Vétéran et écrivain, Dave Hirsch revient dans sa ville natale après une longue absence, au bras d’une prostituée. Mais tout cela n’est pas du goût de son frère, Franck, notable locale.
Ce grand mélodrame, adapté d’un roman de James Jones, réunit pour la première fois à l’écran Dean Martin et Frank Sinatra. La longue séquence finale, de nuit, dans un décor de fête foraine, est inoubliable !
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la critique
Sur le papier, des personnages caricaturaux : l’intellectuelle frustrée à chignon, la pute au grand coeur, l’alcoolique professionnel. Sans oublier l’écrivain en panne, partagé entre la bourgeoisie, dont il est issu, et les marginaux, dont il se sent proche. Mais le lyrisme de Minnelli joue sur les clichés, se joue d’eux pour laisser deviner, sous les apparences, la crudité et la cruauté des sentiments et des moeurs.
Dans Le Guide du cinéma chez soi, Christophe Pellet compare à une aria d’opéra la scène intense où, face à sa rivale, Ginny, le coeur simple, renonce par amour à celui qu’elle aime (Shirley MacLaine y est aussi bouleversante que Giulietta Masina chez Fellini). Bien mieux que ses autres films, Comme un torrent révèle la conception esthétique et morale de Minnelli : la progression de la noblesse d’âme chez les êtres, comme la grâce chez Dostoïevski. Inoubliable, aussi, la silhouette mélancolique et bouffonne de Dean Martin refusant obstinément d’ôter son chapeau : « Il m’arrive toujours une tuile quand je l’enlève ! »… Godard rendra hommage au chapeau de « Dean Martin » (prononcez à la française) dans Le Mépris.
— Pierre Murat, Télérama.