Joe Buck, un Texan, débarque à New-York en pensant y faire fortune en séduisant de riches citadines. Il se retrouve à errer dans les rues aux côtés de Ratso Rizzo, infirme alcoolique…
Deux corps opposés bouleversants (Jon Voight et Dustin Hoffman) nous font découvrir l’envers du rêve américain. Classé X et pourtant Oscar du meilleur film en 1970, ce film interroge avec force les faux semblants.
image

Comment faire d’un brûlot marginal de Morrissey et Warhol un succès mainstream couronné d’un Oscar
En revoyant récemment la trilogie Flesh, Trash etHeat de Morrissey et Warhol, on était frappé de voir à quel point Macadam Cowboy s’avère le remake informel de Flesh. Ou à tout le moins la transposition dans le cinéma hollywoodien de son thème, jusque-là underground, la prostitution masculine. Certes, Macadam Cowboy raconte aussi l’amitié tragi-comique de l’étalon candide Jon Voight avec le petit immigré italien souffreteux Dustin Hoffman, Bouvard et Pécuchet de la Grosse Pomme rêvant à perte du soleil de la Floride. Mais c’est en filmant pour la première fois la prostitution masculine dans un film mainstream que John Schlesinger a fait de Macadam Cowboy un succès. Ce fut même le premier film classé X à recevoir un Oscar. Schlesinger filme Jon Voight intégralement à poil dès la première scène sous la douche, puis lui fait arpenter les trottoirs de New York affublé de sa virile panoplie : santiags, Stetson, et jean moulant un outil de travail disponible pour les deux sexes. A l’époque, ce qui choquait le plus était peut-être moins la crudité des images que le fait de montrer un homme réduit à l’état d’objet sexuel. Grâce à Macadam Cowboy, Schlesinger a officialisé son passage de l’Angleterre à Hollywood, Dustin Hoffman et Jon Voight ont fait une carrière. Le seul à qui ce film ait fait du mal, c’est Morrissey, qui n’a cessé de râler depuis en disant que c’est Flesh qui aurait dû avoir l’Oscar. Il a raison, bien sûr.