Andromaque (un amour fou)
théâtre
ME 29 NOV 20:00
JE 30 NOV 20:00
VE 01 DÉC 20:00
La tragédie de Racine se situe après la défaite de Troie. Achille a tué Hector. Le fils du premier, Pyrrhus, emmène en captivité Andromaque, veuve du second, et leur enfant. Toutes et tous vont être confrontés à l’inouï : l’instabilité du destin, l’improbable de la rencontre, la passion. Comment après-guerre rebâtir un monde habitable ? Comment s’y aimer ? Pour rendre au drame classique son actualité, le jeune metteur en scène Matthieu Cruciani s’inspire du procédé dramaturgique présent dans le film que tourne en 1969, en pleine Nouvelle Vague, Jacques Rivette : L’Amour fou, histoire d’une troupe de théâtre qui répète l’Andromaque de Racine. Matthieu Cruciani ne dépoussière pas la pièce, il recrée sous nos yeux la tragédie d’un monde présent, avec les moyens, vidéo et musique notamment, d’un théâtre d’aujourd’hui. [films_malraux title= »la rencontre de deux oeuvres »]Notre dispositif est simple dans ses termes : inviter Andromaque dans l’univers de L’amour fou. En retenant les thématiques majeures du film, la scénographie, le dispositif vidéo et sonore, l’esprit mêlant texte de Racine et texte improvisé, l’époque contemporaine, une forme de liberté formelle et de rapport au présent du jeu. Nous pensons avec force que cette mise en jeu sera un formidable révélateur de l’oeuvre de Racine, une bonne manière de la clarifier et de la passer avec le plus d’évidence et de joie possible. Ce sera d’abord pour nous l’occasion d’éprouver et d’expérimenter deux « distances » fondamentales et comme jumelles. Premièrement la distance au texte classique, au fait passé, littéraire comme historique. C’est bien le mouvement de création qu’il nous intéressera de restituer et de reparcourir chaque soir, empruntant le mouvement du film de Rivette bien plus que ses mots. En alternant scènes de jeu libre et scènes de Racine, en tressant les deux pour un matériau dramaturgique vivant et dynamique. En traitant Andromaque comme il se doit aussi: un chef d’oeuvre, un violent poème, mais venant du passé, racontant notre monde mieux et moins bien en même temps, nous offrant des perspectives, questionnant nos amnésies, nous enjoignant de nous situer aujourd’hui. Distance ensuite, fertile car problématique entre création théâtrale et actualité, vie vécue et vie devinée ou ignorée des autres. Nous rêvons beaucoup sur l’histoire de cette équipe théâtrale occidentale, travaillant sur la notion de tragédie, sur un moyen orient déjà à feu et à sang, tenu aux marges de l’Europe et essayant de l’appréhender par l’intime, ou par l’art, par des auteurs, vivants comme morts. Tentant de bâtir des ponts. Ainsi « Un amour fou » sera l’histoire de notre groupe travaillant sur deux matériaux artistiques et sur deux documents humains, autant qu’elle sera celle de Sébastien et Claire, de Pyrrhus et d’Andromaque. En associant donc dans une même interrogation distances géographiques et distances temporelles. Car l’amour fou est double : celui du théâtre et celui de la vie. Cet aller retour entre scène de représentation sociale et scène de solitude seront aussi nos moteurs de jeu, le quotidien, les interrogations, les actions concrètes des acteurs en répétition se confondant avec celle des personnages, se rejoignant dans un geste commun de quête, dans un même corps cherchant à être au monde, à y accéder. A y compter.
textes d’après Jean Racine mise en scène Matthieu Cruciani assisté par Tünde Deak avec Philippe Smith, Émilie Capliez, Lamya Regragui, Jean Baptiste Verquin, Matteo Zimmermann, Christel Zubillaga, Arnaud Bichon son et régie générale Arnaud Olivier vidéo Stéphan Castang scénographie/lumières Nicolas Marie musique Clément Vercelletto costumes Frédéric Cambier visuels Vanitas, ghyslain bertholon , courtesy School gallery production The Party coproduction Département de La Loire / L’Estival de la Bâtie, La Comédie ‑ CDN de Saint Etienne avec le soutien de la Spedidam et de l’Espace Malraux de Chambéry. La compagnie The Party est conventionnée par la ville de Saint‑Etienne, le Département de la Loire, la Région Auvergne‑Rhône‑Alpes, et est subventionnée par la DRAC Auvergne‑Rhône‑Alpes.