Farm Fatale

Pour cette création, Philippe Quesne (on se souvient de La Mélancolie des dragons à Dullin…) nous plonge aux frontières de l’humain et de la marionnette avec cinq personnages épouvantails masqués qui ré-enchantent le monde et désarment le capitalisme le plus féroce.

Des bottes de paille, le chant du coq, le pépiement des oiseaux, des fourches et autres ustensiles agricoles sont posés sur scène. Le petit groupe d’épouvantails poètes qui habite ce monde anime une radio indépendante, chante, joue de la musique, invente des slogans et se laisse aller parfois à la philosophie. Masqués, les voix déformées, ces clowns contemplatifs à l’écoute des pulsations de la planète ne nous sont peut-être pas si étrangers. Car ces hommes et femmes qui aspirent à un monde meilleur sont avant tout de doux rêveurs, des poètes, des militants, dont la capacité d’étonnement devant la beauté et la diversité de la nature est communicative. Vivant à hauteur de plantes ou d’animaux, ces héros aussi drôles que d’une gentillesse désarmante, tentent malgré tout d’échapper à un monde qui détruit les forêts, les terres, les océans, et de sauver les vies multiples de ce qui grouille, parle, poétise et pense tout autour de nous. Dans ses pièces, Philippe Quesne traque le merveilleux, pousse à l’extrême les expériences du quotidien et les relations entre l’homme et la nature. Il travaille sur de petites communautés utopiques qu’il regarde au microscope, comme des insectes. La scénographie, indissociable de l’écriture, est envisagée comme un écosystème dans lequel il plonge ses interprètes. Farm Fatale n’échappe pas à la règle, l’ingénieux Philippe Quesne a encore frappé !