Le Jeu de l'amour et du hasard

Quel auteur de théâtre peut se targuer d’avoir, de son vivant, connu un passage du nom propre au nom commun ? Il en existe bien peu, et si on parle de marivaudage et pas de molièrage de shakespearisme ou bien d’ibscenité, c’est sans doute que les pièces de Marivaux forment un tout cohérent, très délicatement lié à nos amours et à nos vies. La situation au cœur de la mécanique théâtrale d’une pièce de Marivaux se reconnaît immédiatement, dans ce badinage amoureux grinçant sous des identités brouillées, mêlé de critique sociale à peine déguisée. Le Jeu de l’amour et du hasard en est peut‑être l’éclatant archétype. Les jeunes comédiens qu’a choisis Benoit Lambert pour sa mise en scène, portent comme un flambeau les rôles de Dorante, Silvia, Lisette et Arlequin. On se délecte des bons mots si entremêlés de l’auteur. C’est Marivaux dans le texte et cela parle avec justesse de la jeunesse d’aujourd’hui.