No Way
performance
VE 28 AOÛT 17:00
« Un aveu. Le 10 décembre 2018, je participais avec d’autres artistes internationaux à la célébration du 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sur les lieux même de sa création en 1946 au Palais de Chaillot. Pour cette occasion j’ai créé « No Way » une performance avec du fil de fer barbelé que je déroule jusqu’à m’enfermer sur moi-même pour y jouer en équilibre sur un tabouret avec un globe terrestre de baudruche … Le lendemain je fus invitée à m’exprimer à la tribune de l’UNESCO sur la question de la Liberté et de l’Art. Prise d’émotion devant les représentants de cette assemblée internationale de L’UNESCO, il m’est apparu nécessaire de parler de la question de la frontière et du corps. Pour ma génération, petits-enfants de survivant.e.s des deux conflits mondiaux du XXème siècle, nous savons reconnaître dans les mots et les actes de nombreux chefs d’États actuellement au pouvoir, les pires pensées nationalistes, rétrogrades et grégaires. Ces orateurs démagogues et calculateurs surfent sur les peurs pour bâtir murs, frontières meurtrières et haine de l’autre et s’inventer des statures de protecteurs ! La peur depuis tous temps est un marché de spéculateurs des plus idiots aux plus pervers et dangereux. Une minorité en tire profit et une majorité en paie le tribut. Une minorité jouit des biens de la vie, de la liberté quand une majorité peine pour le minimum, survit parquée et meurt en tentant de franchir des barrières naturelles ou construites… L’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dit : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » Je suis née à l’époque d’une guerre dite Froide. J’ai appris enfant à l’école bien des messages de paix. J’ai écouté Sting chanter « Russians » en 1985. J’ai su que le désarmement était en marche. J’ai vu des murs et des barbelés céder en 1989. J’ai compris que le plus important des savoirs est l’échange. J’ai vu du ciel la beauté de notre planète faite de plaques tectoniques mouvantes. J’ai rêvé la Pangée, la dérive des continents, la suite… Nous la connaissons, dans quelques millions d’années, quel que soit le climat, la disparition ou non de la vie, nous reviendrons à partager la même et unique plaque enchevêtrée : la Pangée Finale. J’ai 48 ans, mon corps est traversé des autres cultures. Bâtissez des murs autant que vous voudrez, je serais imprégnée de mon voisin. Rien n’arrête la culture, les musiques, les saveurs, les langues, les couleurs, les odeurs. Les labeurs du monde me nourrissent. Aucune frontière n’existe pour qui regarde, écoute, sent et ne se croit pas dépositaire de l’original. » Phia Ménard
Malraux