Trintignant Mille Piazzolla
poésie
tango
SA 14 JAN 20:30
Jean-Louis Trintignant et Daniel Mille, c’est un tango qui dure depuis plus de dix ans. En 1999, ils ont partagé la scène au rythme de La Valse des adieux, d’Aragon, puis ont fait danser Poèmes à Lou, d’Apollinaire. Aujourd’hui, le comédien vient glisser ses poèmes libertaires favoris dans les magnifiques orchestrations que l’accordéoniste a faites de la musique de Piazzolla. Le compositeur argentin a transcendé le tango pour léguer une œuvre intemporelle. Daniel Mille nous fait redécouvrir toute l’humanité de cette musique à la fois savante et populaire, dans une instrumentation sublimée par la sensualité des cordes. [films_malraux title= »biographies »]Jean-Louis Trintignant Neveu du coureur automobile Maurice Trintignant, qui lui a transmis sa passion, le jeune Jean-Louis Trintignant suit des études de droit à la faculté d’Aix-en-Provence. Mais il assiste le jour de ses 19 ans à une représentation théâtrale qui changera sa vie : l’Avare, mis en scène par Charles Dullin, dont il décide de suivre les cours à Paris. Jeune premier qui débute sur les planches en 1951 avec la pièce A chacun selon sa faim, le comédien se fait rapidement remarquer, grâce notamment à Responsabilité limitée, un texte de Robert Hossein, en 1953. Il fait à cette époque un bref passage par l’IDHEC, avec pour ambition de devenir réalisateur – un désir qui ne se concrétisera que vingt ans plus tard. Après quelques figurations, le premier film dans lequel apparaît Jean-Louis Trintignant est Si tous les gars du monde en 1955, mais celui qui le révèle est Et Dieu créa la femme de Vadim, drame au parfum de scandale qui lance le mythe Bardot. Très marqué par ses deux ans de service militaire en Algérie, il trouve un de ses premiers grands rôles en 1961 dans Le Combat dans l’ile, oeuvre engagée de Cavalier. Son goût pour les personnages ambigus lui fera d’ailleurs tourner plusieurs grands films politiques, de Z de Costa-Gavras (sa composition de juge lui vaut le Prix d’interprétation à Cannes en 1969) au Conformiste de Bertolucci – un des sommets de sa carrière italienne, qui compte aussi Le Fanfaron de Risi ou La Terrasse de Scola. C’est avec Un homme et une femme de Lelouch que Jean-Louis Trintignant accède au statut de vedette en 1966. Catholique tenté par l’infidélité dans Ma nuit chez Maud de Rohmer, séducteur manipulé dans Le Mouton enragé de Deville, agent immobilier soupçonné de meurtre dans Vivement dimanche ! de Truffaut, il navigue entre le cinéma d’auteur le plus novateur et les films grand public. Prix d’interprétation à Berlin pour L’Homme qui ment de Robbe-Grillet, l’acteur prend part au polar de Deray Flic story et au Bon Plaisir de Girod, dans lequel il incarne un Président de la République inspiré par François Mitterrand. Avec son jeu tout en nuances, à la profondeur teintée d’ironie, Jean-Louis Trintignant, dont la voix de velours constitue un précieux atout, s’impose comme l’un des plus grands comédiens de sa génération. Marié à Stéphane Audran puis à Nadine Marquand, Jean-Louis Trintignant tourne plusieurs films sous la direction de cette dernière, le plus souvent aux côtés de leur fille Marie, qui deviendra également sa partenaire privilégiée au théâtre. Depuis la fin des années 80, le comédien, retiré dans sa maison d’Uzès, se dit lassé par le cinéma, et se fait plus rare sur les écrans. Ses prestations de vieil homme misanthrope dans Trois couleurs – Rouge de Kieslowski ou Ceux qui m’aiment prendront le train de Chéreau, n’en sont que plus troublantes. Néanmoins, il accepte de tourner en 2002 avec sa fille, dans Janis et John, le premier long métrage de Samuel Benchetrit. Dix ans plus tard, Michael Haneke lui offre le rôle principal de son nouveau film, Amour. Dans ce drame récompensé par la Palme d’or à Cannes, l’acteur incarne Georges, octogénaire dont la femme vient d’avoir une attaque cérébrale et se retrouve paralysée. Daniel Mille La musique que Daniel Mille préfère, c’est le silence. Sur sa partition comme dans la vie il fuit le bavardage. Et cela s’entend. Peu de notes, mais essentielles. Rien qui insiste, seul un parfum persiste. Il donne la parole à la portée, comme s’il composait une chanson qui ne dit mot. C’est ainsi que depuis treize ans, depuis un premier album « Sur les quais », Daniel Mille trace les contours d’un univers singulier et subtil. Il a composé la majeure partie de ses musiques, mais il a aussi choisi de faire appel à d’autres écritures. Cet album est celui des remises en question, des remises en danger, des prises de risque et de ces belles surprises qui sourient aux audacieux. Après des années d’un mariage heureux et fidèle entre l’accordéon et la guitare, Daniel Mille a eu envie ici de mélanger d’autres timbres, de goûter à la chaleur d’un bugle (en l’occurrence celui de Stéphane Belmondo), d’inviter un quatuor à cordes, de tenter de nouvelles expériences. D’où ce long temps depuis « Entre chien et loup » sorti en 2001, et cet « Après la pluie » – titre encore chargé de lumière, lumière d’été et d’orage, temps suspendu, singulier silence. Ce long temps, Daniel Mille l’a passé notamment avec un musicien des mots : Jean-Louis Trintignant. Le comédien et l’accordéoniste ont partagé la scène avec Aragon au rythme de La Valse des adieux et avec Apollinaire, pour la reprise des « Poèmes à Lou ». De ce compagnonnage, Daniel Mille retient qu’il a eu la sensation de jouer avec un musicien ; que Jean-Louis Trintignant a une maîtrise exceptionnelle du silence, de la respiration, du tempo. Après quelques années de projets solitaires, les deux amis se retrouvent autour de la musicalité des mots de trois grands poètes du 20è siècle Prévert, Vian, Desnos. En 2006, Daniel Mille remporte la Victoire du jazz du meilleur instrumentiste, et en 2009, l’opus L’Attente obtient un large satisfecit. Véritable tête chercheuse musicale, Daniel Mille collabore en 2014 avec Dorsaf Hamdani pour l’album Barbara – Fairouz qui rend hommage à ces deux grandes voix issues de cultures différentes.
poésie de Prévert, Vian, Desnos dite par Jean-Louis Trintignant, musique Astor Piazzolla, création lumière Orazio Trotta, mise en espace Gabor Rassov, accordéon Daniel Mille, violoncelle Grégoire Korniluk, violoncelle Paul Colomb, violoncelle Frédéric Deville, contrebasse Diego Imbert, arrangements Samuel Strouk coproduction Le Train Théâtre de Portes-lès-Valence, Les Visiteurs du Soir