« Béni sois-Tu de ne pas m’avoir fait femme » est une des bénédictions que prononcent chaque matin de nombreux juifs orthodoxes. Faut-il la prendre à la lettre ? Une lecture conservatrice, voire fondamentaliste, des textes religieux assignent aux femmes une place incompatible avec la société dans laquelle nous vivons, notre temps et les valeurs qui sont les nôtres. Ces textes n’ont-ils donc plus rien à nous dire ? Le rabbin Delphine Horvilleur nous invite, croyants et non-croyants, à en faire une lecture vivante, au présent, seule susceptible de leur redonner un rôle de guide pour appréhender la complexité du monde et de notre identité, d’accueillir l’autre en soi et auprès de soi. « J’ai choisi d’explorer les sources traditionnelles ; être rabbin me permet de dire ces choses depuis l’intérieur du discours religieux. Je crois que les religions ont besoin de voix libres, subversives, modernes. Elles ont besoin de reconnaître que l’érudition n’est pas le monopole d’un sexe, mais se nourrit du dialogue entre les genres », nous dit Delphine Horvilleur (Psychologies magazine, déc. 2013). « Si on ne fait pas violence aux textes, on fait violence aux hommes. » C’est à cette douce violence que nous sommes conviés. Femme rabbin, Delphine Horvilleur exerce au Mouvement juif libéral de France (MJLF) et dirige la rédaction du magazine Tenou’a. Elle est notamment l’auteure de deux livres récemment parus aux éditions Grasset, En tenue d’Ève : féminin, pudeur et judaïsme (2013) et comment les rabbins font les enfants : sexe, transmission, identité dans le judaïsme (2015).
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