Homme, chien, poisson-scie ou rossignol, Peddy Bottom est un personnage hors du commun ! Il n’a qu’une idée en tête : partir à l’aventure pour découvrir qui il est vraiment. Nadège Jiguet (Madame Kiki, Lou(h)oup) et Gingolph Gateau viennent nous enchanter de leur univers visuel de tissus et papiers colorés dans ce conte marionnettique à la poésie loufoque.
Les artistes proposent après chaque représentation un échange d’une vingtaine de minutes avec le public.
texte d’après le roman de Stefan Themerson illustré par Franciszka Thermeson direction artistique et mise en scène Nadège Jiguet-Covex et Gingolph Gateau jeu François Cancelli, Nadège Jiguet-Covex, Gingolph Gateau, Gery Clappier création musicale et sonore Anne Moret et Karim Bouchibi scénographie, marionnettes et objets marionnettiques Nadège Jiguet-Covex et Gingolph Gateau costumes, assistante marionnettes et objets marionnettiques Jennifer Minard création lumière et régie technique Marc Pichard construction Nadège Jiguet-Covex, Gingolph Gateau, Jennifer Minard, Atelier Kikapami administratrice de production Laurence Levasseur diffusion Cécile Adnot
production Cie Najico et Cie Gingolph Gateau coproduction et accueil en résidence Le Dôme Théâtre-Albertville / Malraux Scène Nationale Chambéry Savoie / Bords2scènes-Vitry le François accueil en résidence Espace Gérard Philippe Saint André les Vergers, L’Art Déco centre culturel Sainte Savine, Le CAD Montmélian.
Stefan Themerson naît en Pologne en 1910. Il tente des études de physique, puis d’architecture, mais passe la majeure partie de son temps à écrire, à faire de la photo ou à réaliser des films. En 1929, il rencontre Franciszka Weinles, fille du peintre Jakub Weinles et de la pianiste Lucja Kaufman ; ils se marient en 1931. Stefan écrit pour différents magazines, ainsi qu’une dizaine de livres pour enfants illustrés par Franciszka. Ils réalisent ensemble des films expérimentaux, jouant ainsi un rôle majeur dans l’histoire du cinéma polonais d’avant-garde. Ils fondent une revue de films artistiques en 1937 à Varsovie puis ils déménagent à Paris, où ils créent un cercle d’artistes et d’écrivains. Lorsque la deuxième guerre mondiale éclate, ils s’enrôlent tous deux dans l’armée polonaise. En 1940, le régiment de Stefan est dissous. Il passe son temps dans des camps de réfugiés, travaille dans des fermes, et reste près de deux ans dans un hôtel de la Croix Rouge polonaise à Voiron. Il retrouve ensuite sa femme en Angleterre en 1942, et réalisent ensemble deux films à Londres. En 1948, ils fondent la maison d’édition Gaberbocchus Press. En 31 ans, ils ont édité plus de 60 ouvrages, non seulement leurs oeuvres mais également des traductions de Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Raymond Queneau… Les oeuvres de Stefan sont variées : romans, poésies, essais philosophiques, essais sur l’art… Ses écrits reflètent des préoccupations centrées sur le langage, l’éthique, la dignité humaine et l’importance des bonnes manières. Il a inventé la «poésie sémantique» dont on trouve la première manifestation dans son roman Bayamus. Lors d’une conférence en 1981, il oppose le sens inné du bien, qui réside en chaque homme à sa naissance, à ce besoin insatiable de croire en des causes qui entraîne l’humanité dans l’erreur et l’illusion. Stefan Themerson meurt à Londres en 1988, quelques semaines après Franciszka.
«Qui êtes-vous ? N’est-ce pas l’ultime question ? La plus grande, la plus folle, la plus belle aussi, celle à laquelle on s’efforce de répondre tout au long de notre vie avec le risque – ou le rêve secret – de ne jamais y parvenir.On arrive soudain à une leçon d’existence et de philosophie. On comprend que personne digne de ce nom ne saura répondre à cette question : qui êtes-vous ? On ne cesse de lutter toute sa vie pour que ça reste unequestion justement, pour que l’on garde en nous un peu de mystère, de pluralité, de complexité, un peu d’inconsistance aussi. On est là à composer avec tout ce qu’on est et tout ce qu’on est pas.» Ces quelques mots tirés d’une chronique d’Augustin Trapenard nous semblent faire parfaitement écho à la thématique de ce spectacle. Mais le texte va bien au-delà de la simple quête d’identité, il touche à la notion de conformisation, de normalité, de respect des règles imposées, même les plus absurdes. Renoncer à ce qu’il désire pour pouvoir manger, tel a été le choix du professeur Dromadaire. Adapter les têtes plutôt que les chapeaux, telle est la doctrine du chapelier. Autant de lois ineptes auxquelles Peddy se confronte de chapitre en chapitre. Ce roman oscille entre conte et philosophie avec virtuosité. Il distille des idées puissantes, sans en avoir l’air, tant les images qu’il véhicule sont empreintes de poésie. C’est ce mélange des genres qui a attiré notre attention et motivé notre envie de porter ce texte à la scène. La dramaturgie limpide de l’ouvrage, le style riche et subtil de Stefan Themerson forcent à respecter le texte. Les dialogues surtout sont savoureux de non-sens et invitent à rire et à réfléchir. Les images induites par cette écriture onirique nous conduisent naturellement vers un travail autour de la matière. À l’aide de marionnettes, masques et objets marionnettiques, comédiens manipulateurs, narrateur et musiciens viendront créer un monde qui entraînera petits et grands dans une ronde à la frontière de l’absurde. Les univers des deux compagnies tournent autour de la matière : textile et papier. En mêlant ces deux matériaux, nous souhaitons enrichir notre pratique et développer d’autres formes de narration. Ainsi, plusieurs types de marionnettes (portées, à main prenante ou sur table) pourront être utilisées durant le spectacle. En prêtant parfois une partie de leur corps, l’ensemble des interprètes accompagnera Peddy Bottom dans sa quête. Le chemin qui entraîne Peddy, de là où il vient à là où il va, est parfois tortueux, pentu, irrégulier, mais toujours surprenant. Le procédé scénographique contribuera à la dramaturgie, en marquant visuellement le passage d’un chapitre à l’autre. Ce qui nous intéresse, c’est de dérouler avec Peddy Bottom le chemin qu’il suit pour tenter de démêler avec lui sa question : que suis-je, moi ? Dans son errance, chaque rencontre est un début de réponse. Même une nouvelle question en guise de réponse à une première question est déjà une forme de réponse.
Nadège Jiguet-Covex & Gingolph Gateau







