Holloway est une ado qui n’a connu que les familles d’accueil, la rue, et la prison où elle est née. Où sa mère purge sa peine. Où il y a fort à parier qu’elle retournera, c’est écrit. Mais elle a une passion, le BMX, et un allié, son entraîneur qui croit en elle et souhaite l’emmener aux Jeux olympiques… Holloway Jones est une pièce chorale, une mosaïque de saynètes qui racontent un destin de jeune fille, de sorties de route en reprises, de sauts en chutes, une quête pour échapper aux déterminismes sociaux, suivre son ambition et écrire sa propre vie. Un théâtre qui s’adresse particulièrement aux adolescents, tout en rythmes et mouvements.
note d'intention
MAMAN.− On dit des tas de choses aux filles pour les faire rêver, on dit des tas de choses aux filles pour profiter d’elles. Dans la vie d’Holloway, pas si facile, les autres décident : les services sociaux qui la placent dans des familles d’accueil, les adultes qui l’attendent au virage, nous qui savons qu’elle peut mal tourner, les voisins, les policiers, les matons qui la guettent, Avery et son coach qui tracent son avenir. Il y a aussi elle, petit bout de fille de 12 ans qui va écrire son chemin ; elle veut être quelqu’un, tout simplement. Holloway Jones est saisie en pleine vie, dans un monde violent et complexe. Pour échapper à un destin tragique, ce sont ses décisions qui compteront. Son histoire nous renvoie à la difficulté de faire des choix, de suivre ses ambitions, et d’écrire sa propre vie. Celle d’Holloway semble écrasée par la peur et le poids du déterminisme, mais les rêves de l’adolescence sont parfois accessibles… HOLLOWAY.− Mon sort est déjà décidé, alors à quoi ça sert ? Evan Placey donne une structure narrative très précise qui raconte le chaos possible, les changements de cap pris sur les chapeaux de roue, la présence omnipotente des autres avec une énergie en prise directe avec son sujet. Sur le plan dramaturgique, il nous offre une combinaison inédite de dialogues, de moments d’adresse au public et de parties chorales. Cela permettra d’inventer de nombreuses formes de prise de parole avec un choeur multi-joueurs qui pourra travailler aussi bien depuis la salle que sur scène, en groupe ou séparément. Evan Placey joue avec malice du rapport au quatrième mur. Il sera important de s’en saisir avec la souplesse, la vitesse, la liberté qu’il suggère. C’est une “athletic play” où l’équipe endosse de très nombreux personnages dans plus de 30 lieux. Je choisis d’être assistée par un chorégraphe : Jean-Camille Goimard. Dans ce travail, le choeur est un essaim qui occupe et prend le plateau comme on prend le pouvoir : sans concession. Jean-Camille Goimard est par ailleurs vidéaste. Ensemble nous construirons les images qui fondent le rapport d’Holloway au monde extérieur ; elle est née sous des caméras de surveillance et vit, depuis, perpétuellement regardée, observée. Elle se fait voler son image par les gardiens de tous poils, les policiers, mais aussi par son amoureux et sa bande. HOLLOWAY JONES est une pièce à la construction très habile, qui convoque toutes les disciplines de l’art du théâtre. Pour en révéler l’essence, nous devons créer des brèches, par la lumière, afin d’y faire résonner le texte et les voix, utiliser ces espaces pour faire vivre le son et jongler avec les images vidéos. C’est de cette manière que je pourrai raconter l’histoire d’Holloway, percer le secret de cette cage noire entre réalité, rêve et cauchemar. Anne Courel