Un fils de notre temps

Comment un jeune chômeur se laisse tenter par une place de soldat afin de ne plus avoir faim et devenir quelqu’un en faisant partie du nombre. Comment il en devient un assassin. Comment il retourne à la vie civile mutilé. Comment sa quête hallucinée le mène de péripétie en péripétie à se laisser saisir par le froid dans un parc de la ville. À travers le théâtre d’Horvàth, on devine l’homme d’engagement qui a dû fuir l’Allemagne nazie et qui n’a eu de cesse de dresser des portraits fidèles de ses contemporains. Un Fils de notre temps est écrit peu de temps avant sa mort tragique et absurde sur les Champs-Elysées, tué par la chute d’une branche lors d’une tempête. Il y développe toutes ses obsessions, toutes les visions et les lieux qui ont hanté son théâtre. C’est aussi son texte le plus poétique dans l’écriture et l’atmosphère qu’il y développe. Entouré d’une équipe d’acteurs de haut-vol, Simon Delétang se lance avec cette mise en scène dans une tentative plastique autant que théâtrale et musicale. Ce Fils de notre temps est l’évocation charnelle et hallucinée de ce que Rimbaud appelle « le temps des assassins ».