Assis sur la terrasse, un homme et une femme délient leurs langues sur leurs souvenirs, leurs expériences sexuelles ou encore le sens de la vie. La musique de Nick Cave les accompagne…
Le cinéaste allemand s’empare d’une pièce de Peter Handke et tourne pour la première fois en français, pour célébrer le langage et l’érotisme. Une immersion sensorielle inédite à Chambéry.
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Wenders célèbre le langage et l'érotisme avec une verve des plus littéraires
Wim Wenders poursuit ses velléités expérimentales à l’égard de la 3D avec Les Beaux Jours d’Aranjuez, après Pina (2011) et Every Thing Will Be Fine (2015). Alors que son cinéma menaçait ces dernières années de passer pour lambda, à force de troquer l’ampleur théorique contre une forme presque normalisée, le cinéaste allemand se transcende dans un drame porté par Reda Kateb et Sophie Semin. La contre-culture qui émaillait ses premiers longs métrages affleure étrangement en une saisissante musicalité ici. Plutôt qu’une mise en scène sur-signifiante, le réalisateur opte pour des plans fixes et des échanges d’une profondeur rare au cinéma. Comme si tous les non-dits et les interdits rejaillissaient dans une pulsion toute libidinale par la seule force du langage. Plus que la langue et les mots, la caméra du papa de Paris, Texas scrute les corps de ses protagonistes, les enferme dans une nature originelle pour les regarder vivre et sécréter leurs désirs. Filmer les vicissitudes intérieures, une gageure dont se repaît Wenders avec une étonnante vivacité.