Sur fond de rivalité fratricide, les vikings, voguant sur leurs drakkars, sèment la terreur sur mer comme sur terre, menant des expéditions sauvages et sanguinaires sur de nouveaux territoires…
Le film de Richard Fleischer est l’un des films d’aventure en mer les plus époustouflants, avec des scènes de combats remarquables, aux rituels barbares, exacerbés par le format large de l’image et les couleurs Technicolor, mais aussi par le charme de Tony Curtis et l’énergie inégalable de Kirk Douglas au sommet de sa gloire.
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un trésor normand
Ils n’étaient pas si nombreux, en ces années 1950, à pouvoir diriger des machines démesurées comme Les Vikings. Richard Fleischer, jadis faiseur de petits polars à la RKO, était de cette trempe, modelant avec autorité l’espace colossal des écrans Scope, dirigeant une armée de techniciens, des hordes de figurants, mais aussi des stars toutes-puissantes devant lesquelles il avait la malice de s’éclipser, préférant une réputation d’artisan docile à celle d’auteur.
Les Vikings (mais aussi 20 000 Lieues sous les mers ou Barabbas) reste pourtant l’un des témoignages les plus flamboyants de ce que les studios américains pouvaient alors produire. Kirk Douglas, également producteur, y campe un impétueux prince nordique, amoureux de sa belle captive qui, elle, en pince pour un esclave aux yeux clairs. Sans le savoir, les deux hommes ont le même père (Ernest Borgnine, d’une sauvagerie lubrique indépassable), et la lutte fratricide prend des allures de tragédie classique en Technicolor. Batailles féroces, reconstitution grandeur nature d’un pittoresque village barbare, drakkar en flammes, combats singuliers, tout l’arsenal du grand spectacle y passe. Le charme de cette fresque aux somptueux décors naturels résiste à peu près à tout : aux films contemporains gavés d’effets spéciaux, au format télévision et, bien sûr, au temps…
Bruno Icher, Télérama