Ouest américain, 1875. Matt Calder a passé plusieurs années en prison. Veuf, il retrouve son fils Mark alors qu’une chanteuse de saloon, Kay, l’a recueilli. Matt, Kay et l’enfant décident de descendre en radeau vers Council City afin de prendre possession d’une mine d’or gagnée frauduleusement…
Pour l’un des premiers films tournés en cinémascope, Preminger nous plonge dans les paysages du grand nord Canadien pour un Western tonifiant et déroutant.
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un splendide film d'aventure
Rivière sans retour (River of no Return, 1954) est un titre trop souvent oublié quand on évoque la carrière de Marilyn Monroe. Il lui permet pourtant, mieux qu’ailleurs, d’exprimer son talent et de se montrer réellement émouvante et bonne actrice (et excellente chanteuse), loin des clichés de l’idiote pulpeuse ou de l’animal blessé qu’exploitèrent des cinéastes moins talentueux et scrupuleux que Preminger. Otto Preminger signe son unique western et son premier film en Cinémascope couleur, et se montre aussi inspiré par les grands espaces du Canada et ce nouveau format que par le noir et blanc et les tournages en studio de ses drames psychologiques. Seules quelques transparences douteuses lors des scènes sur la rivière, qui raccordent mal avec les paysages naturels, trahissent un tournage compliqué.
Les relations tendues entre Preminger et Monroe, la production houleuse et les conflits entre Darryl F. Zanuck et le réalisateur, qui conduiront à une rupture de contrat et son départ définitif de la Fox n’empêchent pas Rivière sans retour d’être un film limpide et maîtrisé, qui pose un regard juste sur la violence et la cupidité qui régnaient dans l’ouest.
Ce splendide film d’aventures est avant tout l’histoire d’un itinéraire moral où un homme au passé douloureux (Robert Mitchum) doit reconquérir l’admiration de son jeune fils, et tombe amoureux d’une prostituée au grand cœur. Les longs plans et les subtils mouvements de caméra de Preminger, l’interprétation de Mitchum et Monroe et l’intelligence et la sérénité qui se dégagent de Rivière sans retour en font un classique du western.
Olivier Père, Arte