7 Web E1466080017397

#7

16-17

danse

VE 10 MARS 19:30

SA 11 MARS 18:00

espace malraux

Le chorégraphe Philippe Vuillermet (iX Compagnie), poursuit avec ce spectacle sa recherche à l’esthétique performative, proche des arts plastiques. Sur un long podium, une table de banquet peut-être, un tissu est dressé. A son extrémité, un homme parle. Il dit le texte (radical) de Nicolas Pages je mange un œuf. La danse surgit, se répète, se décale. Le discours entre en collision avec les corps. Le temps se distord. Alors surviennent d’étranges sensations… [films_malraux title= »note d’intention »]#7 est un spectacle qui marque un paroxysme dans le parcours de Philippe Vuillermet. Profondément engagé, il s’inscrit dans une volonté d’aborder, de présenter la danse autrement. Les espaces sont retravaillés, décalés pour installer les mouvements et la danse sur un plateau ambivalent. Sorte de table qui pourrait faire penser à un banquet, l’installation devient tantôt défilé à la limite du grotesque, tantôt plateau ou piédestal…on s’interroge sur la mise en mouvement, sur la présentation et finalement la monstration des artistes. De quoi sont-ils finalement l’instrument ? A moins que le but poursuivi soit d’élargir les possibles pour le public, multiplier les registres…. Un spectacle qui débute sur l’éternel recommencement, mais qui pourtant avance, cherche à dire et à dire le plus possible, de plus en plus vite… Rythmes lents et saccadés à la fois, absolument chorégraphiés suivant la ponctuation de la lecture du texte de Nicolas Pages “je mange un oeuf”. Le narrateur décrit trois mois de sa vie passée entre Lausanne, Londres et Mykonos. Texte radical qui évoque plus une forme (phrases très courtes sans majuscule, sans point) et qui décrit un quotidien débarrassé de toutes émotions. L’univers sonore est ici multiple, à la fois martelé par les mots qui s’enchaînent et par un son obsédant… où l’on cherche à enchaîner les ruptures, les arrêts pour mieux profiter des interludes laissées au hasard et suspendues dans le temps, aussi éphémères que l’articulation des corps. Minimaliste, le spectacle joue l’altérité entre les interprètes et le narrateur, tous manipulés tour-à-tour par le texte ou la danse. Une matière qui donnent une consistance à une parole vaine, un discours sans propos ni intention. Ce sont bien les corps qui racontent, qui incarnent, qui vivent dans un univers étroit, à la limite de la claustrophobie et/ou de l’explosion. Où l’on joue sur les contrastes, sur la concomitance d’univers improbables, où l’on met à mal finalement les registres connus pour aboutir à une fragilité des êtres et de ce qu’ils véhiculent. Où l’on aboutit à une violence du discours, à une sublimation des corps, aussi bien grâce à une recherche précise dans l’écriture du mouvement que dans une certaine théâtralité générée par le texte. Où l’on propose et suggère l’important, ce qui est tangible et qui le reste, où l’on entraîne le spectateur par une consécution d’émotions qu’il ne contrôle plus et qui lui échappe. Philippe Vuillermet multiplie les approches et les registres pour continuer à nous bousculer, à faire un choix absolu, celui de la danse hors des sentiers battus. Il croise les disciplines, crée un univers pétri de matière où les corps ne sont que prétexte. Il est question toujours du rapport à l’autre, dans un quotidien absurde. Dans ses diverses approches, le chorégraphe affirme une liberté dans l’approche de la danse. Il écrit un manifeste pour une écriture libre au niveau du mouvement, un laisser aller et un lâcher prise dans ce qu’il considère comme étant une danse, mais une danse qui épouse les fragilités, les interrogations, les saccades et les doutes, la violence aussi. Une danse qui trahit une interprétation du monde contemporain sans concession. Une danse pour ravager la futilité, pour sublimer les corps en choisissant une simplicité absolue et radicale, une danse faite de contradiction…qui interroge notre propre compréhension et nous empêche de nous installer dans une délicieuse apathie devant un spectacle qui nous raconterait tout…

chorégraphie Philippe Vuillermet, comédien Stéphane Buisson, danseurs Aurélien Le Glaunec, Géraldine Mainguet, Thomas Regnier, musique Marc Chalosse, lumière Marc Pichard. coproduction le Dôme Théâtre Albertville, Espace Malraux scène nationale de Chambéry et de la Savoie. iXcompagnie est soutenue par le Conseil départemental de la Savoie la région Auvergne Rhône-Alpes et la Drac Auvergne Rhône-Alpes