AMDHP Emmanuel Noblet 04

Ancien malade des hôpitaux de Paris

17-18

théâtre

MA 06 MARS 20:00

ME 07 MARS 20:00

JE 08 MARS 20:00

VE 09 MARS 20:00

théâtre charles dullin

Au cours d’une nuit de garde aux urgences, un interne en médecine, qui n’a de préoccupation que celle de l’intitulé de sa prochaine carte de visite, est confronté à un malade pour le moins déroutant… Baptisée monologue gesticulatoire par Daniel Pennac, la nouvelle Ancien malade des hôpitaux de Paris est devenue une pièce qui va comme un gant de chirurgien au talent protéiforme d’Olivier Saladin, ex-complice des Deschiens. Il s’empare avec brio de ce conte médical délirant, véritable course-poursuite burlesque, truffée de péripéties, dans les différents services d’un hôpital. [films_malraux title= »extrait »]- Vingt ans de ça, donc, jour pour jour. J’étais de garde aux urgences du CHU Postel-Couperin. C’était un dimanche et la nuit allait son train d’enfer : accidents domestiques, infections éruptives, suicides avortés, avortements ratés, cuites comateuses, infarctus, épilepsies, embolies pulmonaires, coliques néphrétiques, enfants bouillants comme des assiettes, automobilistes en compote, dealers poinçonnés, clodos cherchant logis, femmes battues et maris repentants, adolescents envapés, adolescentes catatoniques… Les urgences d’un dimanche soir, quoi, et par nuit de pleine lune, qui plus est. Tout ce beau monde refusait le lundi matin avec les moyens du bord, et moi, comme d’habitude, je piquais, j’obturais, je ponctionnais, je reboutais, je cousais, j’agrafais, je sondais, je méchais, je drainais, je pansais, j’accouchais, il m’arrivait même de prévenir et de dépister ! En un mot, je dispensais. J’étais à moi seul un dispensaire. Je remplaçais Pansard, Verdier, Samuel, Desonge : « On te revaudra ça, Galvan »… »Laissez tomber, les gars, c’est de bon coeur. » (Tous mandarins, aujourd’hui. ) Les plus naïfs voyaient en moi un FFI idéaliste, à sept billets par mois et quatre-vingts heures la semaine, au détriment de ma santé, de ma jeunesse, de ma carrière, de ma vie privée. Ah, pardon, définition : FFI, Faisant Fonction d’Interne. Ma famille (tous toubibs depuis Molière, la médecine est la première des maladies héréditaires) me trouvait exemplaire. Mon père m’imaginait en archange terrassant le cancer de la lymphe : « L’hématologie, Gérard, c’est ta voie! » Je laissais aller l’imagination du père mais j’allais de mon côté ; je savais bien que je ne serais jamais l’homme d’une seule spécialité. Ma spécialité à moi, ce serait l’urgence : tous les maux de l’homme, les maux de tous les hommes, autant dire toutes les spécialités. Le champion de la Médecine Interne, voilà ce que je voulais devenir. Vous me direz que c’était une ambition plus qu’honorable… Non ? Si ? Hein ? -… – Eh bien, vous vous trompez. En fait, je ne rêvais qu’à une chose… J’ose à peine vous dire laquelle, tellement c’est… A n’y pas croire ! Je rêvais à ma future carte de visite, Monsieur ! Sans blague. Une véritable obsession. Je ne pensais qu’au jour où je pourrais dégainer une carte de visite à faire pâlir tous les amateurs de cartes. C’était ça, au fond, mon grand projet !

texte de Daniel Pennac avec Olivier Saladin mise en scène Benjamin Guillard création lumières Sylvain Chevallot régie générale Emmanuelle Phelippeau-Viallard régisseuse son Camille Urvoy construction Alain Bailly décor réalisé par les ateliers de la Comète photos Emmanuel Noblet production déléguée Valérie Lévy production La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne production déléguée Les Productions de l’Explorateur