Création 2016
chez nos voisins
danse
ME 07 DÉC 20:30
Les chorégraphes Cécilia Bengolea et François Chaignaud ont créé The Lighters pour le TanzTheater Wuppertal Pina Bausch. La pièce fait se rencontrer le répertoire polyphonique de madrigaux anglais de la Renaissance le Dancehall des rues de Kingston. Pour leur nouvelle création ils poursuivent dans cette veine. [films_malraux title= » « ]A l’été 2015, Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont été les premiers chorégraphes invités par le TanzTheater Wuppertal Pina Bausch à créer une pièce pour la compagnie depuis la disparition de la chorégraphe. Ils y ont créé The Lighters – Dancehall Polyphony , qui fait se rencontrer et dériver le répertoire polyphonique de madrigaux anglais de la Renaissance au Dancehall des rues de Kingston. Pour leur nouvelle création pour leur propre compagnie, ils souhaitent poursuivre cette recherche et creuser ces pratiques et ces contrastes. Ils invitent cinq ballerines à les rejoindre dans l’exploration du chant et de la danse. Fascinée par la complexité rythmique du Dancehall jamaïcain, Cecilia Bengolea explore cette culture musicale et chorégraphique née dans les années 60 en Jamaïque. Le Dancehall est un style de vie résistant aux structures de pouvoir, une dénonciation des idéologies oppressives. C’est un exutoire à la violence et à la compétition que subissent les plus jeunes dans les ghettos de Kingston. Cecilia Bengolea se rend régulièrement en Jamaïque où elle a rencontré deux danseurs, stars du dancehall (Damion BG Dancers et Giddy Elite Team). Très jeunes et courageux, refusant de se plier aux travaux mal payés, nouvelle forme d’esclavagisme et d’exploitation, ils tentent avec beaucoup d’inventivité de vivre en s’exprimant. Cela crée une danse combattive et résistante, technique et rythmée. Cecilia fait partie d’un groupe de danseurs garçons gangsters à Kingston, Verbnation. Pour ce projet, elle a appris les chorégraphies et cherche une écriture entre la narration et l’abstraction. Mu par le rêve de chanter et danser simultanément, François Chaignaud s’est engagé dans l’étude des chants polyphoniques traditionnels géorgiens (à 3 ou 4 corps et voix). Ce répertoire, parfois très ancien (certains chants encore chantés sont antérieurs à la chrétienté) est considéré à la fois comme une tradition et comme un élément toujours vivant du quotidien. Le répertoire y est très varié, selon les régions, et les fonctions de chaque chant. La plupart des chants sont construits à trois voix, créant des frottements et des vibrations spécifiques. La découverte de ce répertoire, aux sonorités rêches, pré-classiques, a conduit à l’exploration des débuts de la musique polyphonique française écrite du XIIIème siècle (Guillaume de Machaut, notamment). S’y retrouvent les mêmes enjeux collectifs de complémentarité des voix, certains intervalles et principes de compositions, et une même pensée magique de la musique. L’étrangeté des harmonies, antérieure à l’invention de l’accord et de la rationalité classique, conserve une mémoire râpeuse et sophistiquée du continent européen d’avant la Renaissance, d’avant la colonisation Excité par l’immense défi technique (de justesse, de synchronisation, d’émission…) que représente le fait de chanter et danser a capella ces polyphonies (médiévales et 2 géorgiennes), François Chaignaud rêve d’une expression totale à travers laquelle les corps produisent un événement à la fois musical, vocal, visuel, et kinétique. En empruntant un chemin propre de recherche, avant de réunir et composer les matériaux chorégraphiques et musicaux qui en seront issus, François Chaignaud et Cecilia Bengolea affirment à la fois leur passion pour les pratiques chorégraphiques et artistiques extérieures au champ de référence de la danse contemporaine, et leur désir de forger une écriture spécifique, spéculative, abstraite, humoristique, à partir de l’expérience de ces langages hétérogènes. Cette oeuvre convoque la diversité et la spécificité des généalogies et des sources traversées autant qu’elle s’en émancipe pour créer des figures et des formes inattendues, des rapprochements, des combinaisons libérées des références d’origine. Ces références, si éloignées dans leur géographie, leur histoire et leur esthétiques, se rejoignent dans l’exigence collective qu’elles supposent, et dans leur puissance ensorcelée, « pre-enlightment », que leurs compositions, à la fois savantes et simples, déploient. Ils poursuivent ainsi une recherche au long cours, fondée sur une curiosité autant anthropologique que formelle pour les formes d’expression chorégraphiques et musicales.
Bonlieu, scène nationale d’Annecy
interprétation Cécilia Bengolea, François Chaignaud, Valeria Lanzara,
Erika Myauchi, Shihya Peng (distribution en cours)