MYBRAZZA JmLobbe E1433167381783

My Brazza

15-16

Jeune public

Malraux nomade

théâtre

LU 01 FÉV 00:00

VE 12 FÉV 00:00

Un spectacle atypique et percutant qui s’adresse directement aux élèves dans leur collège ou lycée. Florent Mahoukou, danseur originaire du Congo-Brazzaville, raconte son histoire et comment la danse l’a sauvé de l’enfer. Une leçon d’histoire-géographie et de vie qui remue, au sens propre comme au figuré, les classes ! La suite en bas de la pageDavid Bobée parle de My Brazza « Il faut savoir que la danse contemporaine au Congo est un art extrêmement politique. Les artistes sont en train de changer leur pays, en dansant. Ils ont très peu de moyens, et c’est peut-être un tout petit peu en train d’évoluer grâce à eux. Ils font une danse qui n’est pas traditionnelle, qui est une danse de création. Au Congo, pendant très longtemps, on a défendu l’idée que l’art devait être un art traditionnel, et que la danse de création était du néocolonialisme. En gros, l’idée qu’on se faisait de cette danse était que les créateurs contemporains copiaient les créateurs européens, blancs, et donc que ce n’était pas un art congolais qui devait être soutenu politiquement et financièrement. Ces danseurs contemporains qui pratiquaient cette danse non identifiable étaient vraiment perçus comme les petits chiens de l’occident, ou bien comme des fous. Mais eux se sont battus pour défendre cette danse de création congolaise, une danse avec les deux pieds dans l’époque actuelle, dans des préoccupations actuelles, bien sûr politiques. Ils sont les héritiers de leur histoire, et leur histoire est politique : c’est une population qui est prise en étau entre d’un côté l’armée officielle et de l’autre côté les rebelles, et qui du coup est maintenue dans un état de peur de la guerre qui s’est achevée il y a à peine 10 ans. Toute cette jeune génération d’artistes – De La Vallet Bidiefono, Florent Mahoukou – ont des traces dans la mémoire de cette guerre-là, y compris dans leurs corps. Quand on regarde leurs corps, on peut y lire à l’intérieur comme dans des livres d’histoire, on y voit des périodes très sombres. Mais ces artistes affirment cette créativité-là, avec très peu de moyens : ils dansent dans une salle de classe, sur des blocs de béton, dans un ancien théâtre national complètement vidé et pillé pendant la guerre, dans ces lieux vides, dans ce théâtre vide, où tout est pourri, sans moyens ; ils dansent… C’est donc une dimension très politique de la danse. Il faut bien se rendre compte qu’ils n’ont rien d’autre… Ils dansent… Et puis c’est l’art du pauvre aussi, la danse. Même pour faire du théâtre, il faut pouvoir acheter un livre. C’est quelque chose de bouleversant pour moi. (…) Florent Mahoukou développe quelque chose d’intéressant au Congo qui s’appelle « Rue danse » qui amène la danse dans la rue et dans des lieux atypiques, et qui permet de démocratiser la danse de création. Il propose des choses super belles : il a invité par exemple une danseuse japonaise à danser avec lui dans les rues de Brazzaville, il danse en se servant des éléments qu’il trouve sur les marchés, il danse sur la terre qu’on trouve partout dans la ville, ou au contraire en se roulant dans la bouillasse… Il y a des sacs plastique partout, des ordures, il n’hésite pas à jouer avec, à créer avec… Evidemment tout le monde le prend pour un fou, mais le regard change et évolue. » David Bobée Aller en haut de la page

En Savoie

de Ronan Chéneau mise en scène David Bobée avec Florent Mahoukou (acteur-danseur) son Grégory Adoir vidéo Wojtek Doroszuk coproduction Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN, CDN de Haute-Normandie, Groupe Rictus

Rictus est soutenu par l’Institut français dans le cadre de ses projets internationaux

Texte publié aux éditions Les Solitaires intempestifs, 2014