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Pour cette pièce chorégraphiée par le directeur de Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, l’écriture de la danse et de la musique électro-acoustique se sont élaborées conjointement, de manière organique. Sur le plateau, le son se propage d’un membre du corps à l’autre, d’un danseur à l’autre, pour déployer en rythme l’éventail de leurs relations possibles, décrire un paysage mouvant, résolument contemporain. La suite en bas de la pageYuval Pick et Ashley Fure confrontent leurs écritures Rarement la création d’une œuvre chorégraphique et musicale s’accomplit dans une complète simultanéité. Yuval Pick et Ashley Fure ont fait le choix de confronter leurs écritures, de polir le grain de leurs matières dès les premiers pas du processus de composition. Ensemble ils vont chercher, bâtir une architecture sonore et gestuelle, distordre le temps et l’espace. C’est l’invention et l’exploration de cette terra incognita qui constituera le sujet même de leur œuvre commune. Chez Ashley Fure, le processus de fabrication peut s’apparenter à un tissage dans lequel elle crée et tresse motifs et trajectoires. Fascinée par la physicalité du son, elle compose des timbres puissants et viscéraux qui, comme le disait Francis Bacon à propos de ses œuvres, contournent l’esprit pour s’attaquer directement au système nerveux. Elle invente une matière d’une grande intensité qui renvoie à la force de l’incarnation de la danse de Yuval Pick. Comme lui, elle procède en superposant des couches de matériau, et prête une grande attention à la qualité de la texture. Elle additionne ou bien soustrait, et ainsi maîtrise le mouvement du son qu’elle peut révéler, faire surgir ou même occulter. Yuval Pick a imposé en quelques années une écriture chorégraphique unique, libérée de toutes les influences qui ont jalonné son parcours d’artiste. Il a inventé des formes de présences à la scène intenses et captivantes. Son art de la composition manie avec maîtrise les tensions et les ruptures, les courses et les temps d’arrêt. Il est entouré par un groupe de danseurs qui, avec lui, sculptent le temps et l’espace avec une incarnation fascinante du geste et du mouvement. De création en création, il approfondit sans cesse son approche du rapport du mouvement à la musique. Il construit des dialogues inédits, entremêle les éléments rythmiques, recompose les espaces. Dans son approche, aucune matière n’asservit l’autre, pas plus qu’elle ne l’ignore. Avec une grande liberté, musique et danse bâtissent des architectures puissantes et sensibles. Il intègre à son propos des éléments parfois empruntés au quotidien, mais aussi collectés au cours de reportages ou inventés à partir du folklore de son pays natal. Finalement il apparaît mener une démarche d’auteur imprégnée par un souci presque ethnologique. Il place dans la danse l’ambition de raconter nos humanités, de nous révéler à nous-mêmes. Un laboratoire du geste, du son et du mouvement Ici, Ashley Fure et Yuval Pick construisent un laboratoire du geste, du son et du mouvement. Chaque créateur mettra en jeu son vocabulaire propre pour donner naissance à une écriture à quatre mains. Ensemble ils installent d’abord une matière pour ensuite pouvoir la bouleverser et la réorganiser, ils en entrelacent les strates, les ajoutent, les fissurent, les polissent, les heurtent pour les révéler et les offrir à la perception. Le projet d’écriture du mouvement met en œuvre des actions qui transfigurent les interprètes et l’espace pour édifier une dimension nouvelle qui dépasse les individualités. Des corps, des espaces intimes et de leur confrontation avec le rythme et les timbres naissent des harmoniques inattendues. L’espace de la création sera épuré, un tapis blanc comme une surface à habiter par la danse, la musique et la lumière. Yuval Pick et Ashley Fure rêvent d’une étendue vierge, une page immaculée à écrire.Au final, nul doute que cette aventure partagée soit celle de deux défricheurs, deux inventeurs d’espaces de liberté. Aller en haut de la page