S’engager, génération Woyzeck

Anne Courel a rencontré des jeunes femmes vivant dans une école de la seconde chance, à la discipline volontairement calquée sur le modèle militaire. De cette rencontre naît l’idée de S’Engager, une façon d’aborder la réalité de jeunes gens ayant choisi l’armée comme cadre de vie. Un sujet fort et délicat plein de contradictions, aux ramifications complexes entre construction de soi et idéologie. Yasmine, Killian et Garance, amis pour toujours, complices de bêtises sans nom, sont arrêtés net dans leur scolarité, virés définitivement du lycée. Se pose alors la question de la suite. Entre obligations, influence familiale ou errance personnelle, chacun se débat entre idéal de vie, quête identitaire exacerbée et choix respectifs, dont celui de l’armée… Depuis 2015, la compagnie Ariadne, accorde une place importante aux liens que des adolescents peuvent tisser avec l’écriture théâtrale contemporaine. Dans S’Engager, questionnant le vaste sujet du comment trouver sa place, Anne Courel part à l’écoute de ces jeunes pour tenter de saisir leurs motivations : « Parce que c’est bien l’absence de reconnaissance qui est à l’œuvre, celle qui nous touche, celle sur laquelle je souhaite travailler, inadmissible, terrible, et qui donne envie de prendre ces enfants dans les bras… Qu’est-ce qu’ils font là ? Pourquoi n’ont-ils pas trouvé ailleurs un cadre à leur mesure ? Ce sont leurs histoires que je désire raconter parce qu’au fond je n’ai pas envie qu’ils rentrent dans le rang. »  Accompagnée par l’autrice Magali Mougel, la metteure en scène donne la parole à ces jeunes, et prête attention à l’inaudible. La scène s’ouvre aux idées, au débat. Comme dans Woyzeck de Georg Büchner, derrière la fiction sourdent les bruits du monde.