Tschägg
danse
ME 18 JAN 19:30
JE 19 JAN 19:30
Tschägg est une enquête dansée, celle de 3 jeunes femmes qui se sont plongées dans le Lötschental, au cœur de cette Suisse que l’on dit si lisse et propre, pour s’interroger sur la tradition du Tschäggättä. Chaque année, à l’occasion d’une longue période de carnaval des gens s’y déguisent en sauvages (L’Espace Malraux a présenté des photos de Charles Fréger de ces « Wildermann », sauvages d’Europe). Qui est l’étranger ? Celui que l’on rejette, celui derrière lequel on se cache, ou l’étranger que l’on est, tout d’abord, à soi-même ? Tout en jouant sur le plateau avec le plaisir enfantin qu’il y a à se déguiser, nos trois danseuses-sociologues fond tomber les masques sur les notions d’authenticité, de tourisme et de sentiment de globalisation, que ce besoin de réappropriation du sauvage tapi au fond de nous mettent en doute.[films_malraux title= »un travail de recherche »]Ce travail résulte d’une longue recherche de terrain dans la vallée du Lötschental, où les artistes sont parties à la rencontre des habitants de cette vallée et de leur tradition ‘Tschäggättä’. C’est non pas dans une perspective ethnologique ou touristique qu’elles se sont intéressées au Tschäggättä, mais dans une démarche artistique et dans le désir de découvrir quels étaient leurs points communs avec ces personnes qui pratiquent la tradition des Tschäggättä. Comment se fait-il que cette tradition leur paraît à la fois si familière, et à la fois si étrange? Qu’est-ce que la performance a en commun avec les Tschäggättä? Lorsqu’on s’introduit dans la vallée du Lötschental, tous les repères sont bouleversés, notre vision du monde est bousculée en permanence. Il y a une notion d’échelle et de géographie qui se met en place, de part la spécificité du lieu, de la langue, de la culture. On commence à se questionner sur notre propre identité, notre vision du monde, et la construction de cette sphère identitaire et sociale, ainsi que son organisation. Tschägg met en oeuvre un processus collaboratif dans chaque ville où la pièce est jouée. L’idée de travailler avec un terrain, un territoire particulier étant inhérente à la pièce, elle fait partie des conditions de sa présentation dans chaque lieu. Nous avons commencé la recherche dans la vallée du Lötschental en Suisse, où nous avons travaillé avec deux adolescentes familières à la tradition et qui pratiquaient parallèlement la danse Hip Hop. A Grenoble, à l’occasion du Concours Reconnaissance, nous avons fait la rencontre de deux étudiants des Beaux-Arts de Grenoble et d’une étudiante en urbanisme de l’Université de Grenoble, qui se sont joints au projet et ont apporté leur réflexion de l’intérieur. C’est un mode de travail inhérent au propos de Tschägg, qui propose de réinventer certains paramètres de la pièce en fonction de chaque lieu, et donc de travailler véritablement avec et dans le lieu qui accueille la pièce et dans lequel elle va être présentée. Ce dispositif participatif est en adéquation avec le propos développé dans Tschägg : le rapport avec l’autre, celui qu’on ne connaît pas, celui qui nous surprend, celui qui nous déplace, nous fait bouger, qui nous entraîne dans une danse d’apprivoisement de soi et de l’autre. Si la forme et les contours de la pièce restent écrits, elle est néanmoins poreuse à son environnement et à ce qu’elle fait résonner dans des lieux différents. En faisant la rencontre avec des personnes locales, c’est cet ancrage de la pièce dans une réalité singulière qui est privilégié. D’un point de vue pragmatique, ce procédé implique la présence de l’équipe artistique de minimum 1 à 2 jours sur place en amont de la représentation prévue. La rencontre, sur place, se fait sous forme d’un atelier mené avec une collectivité locale et d’un appel à participation en tant que %gurant-participant. A Grenoble, nous avons eu un temps d’échange avec les étudiants de Beaux-Arts de Grenoble (ESAD). L’échange tourne autour du processus de travail que nous avons traversé et des dispositifs mis en oeuvre dans la pièce. La question que nous nous posons sans cesse dans le dispositif de rencontre pourrait se formuler ainsi: finalement, qui est étranger à qui, qui est à l’intérieur, qui est à l’extérieur, de quoi, d’où regarde-t-on le monde?
direction artistique, réalisation, chorégraphie Lucie Eidenbenz, en concertation avec Cosima Grand, Luce Goutelle et les habitants du Lötschental, interprétation Cosima Grand, Hélène Rocheteau, Lucie Eidenbenz, création son Manuel Oberholzer, ingénieur son Raphaël Raccuia, lumières Laurent Schaer, conseil dramaturgique Delphine Rosay, administration, chargée de diffusion Anna Ladeira, production Oh! Festival, Association Brøcøliwald, soutiens Canton du Valais, Pro Helvetia, Corodis, Société suisse des auteurs, Ville de Genève, Canton de Genève, Fondation Corymbo, avec le soutien de l’Hexagone scène nationale Arts Sciences