Un duo pensé comme un portrait croisé de Ben Salaah Cisse et Luc Sanou, danseurs burkinabés
“Je rencontre Ben Salaah Cisse et Luc Sanou en 2014. Deux ans plus tard, nous nous retrouvons dans le cadre d’un festival au Burkina Faso, et poursuivons le travail. Nous présentons alors un extrait du duo sur la Place de la femme de Ouagadougou. Cet extrait consiste notamment en une série de porters lents et sensuels, avec une attention portée à la qualité du toucher, du contact, de la peau. Alors que l’accueil est enjoué et bienveillant, le directeur du festival, qui découvrait la proposition, me fait prendre conscience que présenter un duo d’hommes africains dans l’expression de cette sensualité dans un espace public aurait pu être dangereux pour les deux interprètes. Je réalise que Ben et Luc en ont conscience, mais que d’une certaine façon, ils ont souhaité s’exposer à cet endroit.
Pour ma part, le duo prend tout son sens ce jour-là car il place ce projet à l’endroit d’une forme d’engagement et d’une inscription dans une réalité, leur réalité, renforcée par un contexte politique tendu au « pays des hommes intègres ».
Leur parcours entre danse traditionnelle africaine et danse contemporaine nous amène à questionner ce qui les forge et les construit. Il est question d’amour, de complicité, de fraternité et d’amitié et entre ces deux hommes, mais également de dualité et de confrontation. La complexité de cette relation est le point de départ de ce projet.”
– Mickaël Phelippeau