Une simplissime revisite de Carmen, véritable machine à tubes et manifestation du génie de Bizet, par de jeunes musiciens très créatifs. Les artistes se consacrent à la recherche de nouvelles formes lyriques pour les rendre familières. Ici, les interprètes s’approprient la partition avec l’énergie du plateau de théâtre, comme entre amis.
Carmen est dans toutes les têtes : femme, tentatrice, amoureuse, étrangère, gitane… Cette version de l’opéra est une invitation à transformer l’avenir et à faire que la tragédie n’advienne plus. Carmen se libère (enfin !) des représentations de l’amour et des conventions.
Carmen Claire Péron, mezzo soprano Micaëla Marie Soubestre, soprano Don José Jérôme Billy, ténor Le Destin Marius Barthaux, danse & jeu Ensemble Miroirs Étendus avec Annabelle Gouache (violoncelle), Jos.phine Besan.on (clarinette), Emmanuel Jacquet (percussions), Qiaochu Li (piano), No. Nillni (trompette), Julia Macarez (alto) mise en scène & costumes Antoine Thiollier collaboration artistique & scénographie Sylviane Fortuny direction musicale Romain Louveau création chorégraphique Marius Barthaux arrangement collectif réalisé par l’ensemble lumières Nolwenn Delcamp-Risse régie générale Georges Dessaux production, administration Romane Vanderstichele (La Brèche festival)
coproductions Malraux. Scène nationale Chambéry Savoie ; Dôme Théâtre d’Albertville ; Miroirs Étendus soutiens et diffusion Malraux. Scène nationale Chambéry Savoie ; Dôme Théâtre d’Albertville , Centre Départemental des Arts de Montmélian ; La Barcarolle Saint-Omer ; Gare au Théâtre ; Théâtre du Beauvaisis ; Biennale d’Opéra du Beauvaisis ; Miroirs Étendus ; CNM, ADAMI, Spedidam, Drac Auvergne Rhône Alpes, Conseil départemental de la Savoie
Claire Péron | Carmen
Diplômée en 2016 en chant du Conserva- toire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d’Elène Golgevit, Claire Péron commence ses études musicales par le violoncelle à Quimper. En août 2021, la jeune mezzo-soprano, boursière du Cercle Richard Wagner, a brillé lors du Concert des lauréats du Festival de Bayreuth. Elle vient de rejoindre la produc- tion de Carmen de Bizet (mis en scène par Dimitri Tcherniakov) dans le rôle de Merce- des au Théâtre de la Monnaie ainsi qu’au Grand Théâtre du Luxembourg. Elle interprète Altichiara (Francesca da Rimi- ni de Zandonai) au cours de la saison 2017- 2018 à l’Opéra National du Rhin puis intègre l’Opéra Studio de l’ONR en septembre 2018 et participe au cours de la saison 2018-2019 aux productions de Singing Garden, Le Garçon et le poisson magique de Evers et La Princesse arabe de De Arriaga. . En 2019/20, elle a participé notamment aux productions de Rusalka de Dvořák et Parsi- fal de Wagner. Elle est engagée par la suite dans Hémon de Zad Moultaka et La Reine des Neiges de Hans Abrahamsen. Elle s’est également produite en orato- rio dans « Le Champ des Morts » (Alexander Nevski de Prokofiev) à la Philharmonie de Paris, le Requiem de Duruflé et la Messa di Gloria de Mozart, la Petite Messe Solenelle de Rossini, l’Harmoniemesse de Haydn, l’Oratorio de Noël de Saint-Saëns, le Stabat Mater de Dvořák ainsi que plusieurs cantates de Bach.
Marie Soubestre | Micaëla
Diplômée en 2014 du CNSMDP dans la classe de chant de Glenn Chambers, Marie Soubestre se perfectionne ensuite auprès de la mezzo-soprano anglaise ruby Philoge- ne. elle poursuit depuis la rentrée 2017 un doctorat d’interprète au CNSMDP en parte- nariat avec l’université Paris iV. elle y réalise un travail d’interprétation et de recherche autour du compositeur Hanns eisler. A l’opéra, elle incarne la prostituée (reigen de Philippe Boesmans), Sandrina (La Finta Giardiniera de Mozart), Despina (Cosi fan tutte) ou encore Berta (Le Barbier de Sé- ville). en décembre 2016, elle participe à la création de l’opéra Les Constellations, au Bateau-Feu, en coproduction avec l’Opéra de Lille. en musique contemporaine, elle a créé des oeuvres de Graciane Finzi, Januibe tejera, Carlos de Castellarnau, Vincent tro- let ou encore de Farnaz Modarresifar. L’en- semble Maja, en résidence à la fondation Polignac, est avec elle lauréat du concours de la FNAPeC en 2014. en musique de chambre, elle est l’invitée des festivals De- bussy, Volcadiva, WALC, du Festival de mu- sique de chambre du Larzac, 1001 Notes, etc. On l’entend au théâtre du Châtelet dans les concerts de Jean-François Zygel. en dé- cembre 2018, elle fait une performance très remarquée dans Le Grand Macabre de Lige- ti aux côtés de l’ensemble intercontempo- rain à la Philharmonie de Paris.
Jérôme Billy | Don José
Issu du CNSM de Paris, Jérôme se passionne pour les liens entre théâtre et musique. il aborde avec bonheur les rôles mozartiens : Zauberflflöte, Così fan tutte, Don Giovan- ni. Ses rencontres théâtrales l’ont conforté dans le sentiment qu’expressions musicale et théâtrale, loin d’être dissociées, ont une source commune. en 2009, ses débuts au festival d’Aix-en-Provence dans Orphée aux enfers d’Offenbach ont été largement salués par la critique. Adepte de la mu- sique de Janáček, il s’y investit à maintes reprises, sur Katia Kabanova, Jenufa, Mr Brouček, et plus récemment Carnets d’un disparu au sein de la Compagnie Café eu- ropa. Wajdi Mouawad l’engage en tant que comédien, chanteur et compositeur sur les deux derniers volets de l’intégrale de Sophocle, créée à Mons en juin 2015. Les Larmes d’Œdipe, pièce librement inspi- rée d’Œdipe à Colone, donnée au théâtre National de la Colline au printemps 2017, poursuit son chemin en europe. Créée en 2016 au théâtre des Bouffes du Nord, tra- viata — de Monsieur Haydn, Konzertverein Schwerin, Les Floraisons Musicales, Qua- tuor à l’Ouest, Cité de la Musique de Mar- seille… Depuis 2018, le Quatuor Agate est en résidence à la Fondation Singer-Polignac. Vous méritez un avenir meilleur, adaptation théâtrale et chambriste de l’opéra de Verdi, mise en scène par Benjamin Lazar, poursuit sa tournée cette saison.
ANTOINE THIOLLIER | MISE EN SCÈNE
Né en 1988, Antoine thiollier suit une formation de comédien aux Cours Florent et lors de stages auprès de Pierre Debauche, Mikaël Serre, Yves Noël Genod, romain Fohr, Françoise Merle, François Orsoni, Na- bih Amaraoui et Delphine eliet. il joue dans tous les spectacles de l’Éventuel hérisson bleu depuis 2009.
Romain Louveau | Direction Musicale
Romain Louveau est pianiste, il se consacre principalement à la musique de chambre et au répertoire vocal, et travaille avec les artistes lyriques les plus en vue de sa génération. Il assure depuis 2016 la direction musicale, avec Fiona Monbet, de la compagnie Miroirs Étendus dédiée à la création lyrique, en résidence à l’Opéra de Rouen, l’Opéra de Lille et au Théâtre Impérial de Compiègne, et a co-fondé en Savoie le festival La Brèche. Il est lauréat de la Bourse d’écriture de la Fondation Beaumarchais SACD, créé au Bateau Feu—Sn de Dunkerque avec l’Opéra de Lille. il est aussi co-fon- dateur et délégué général et artistique de La Brèche festival. Dernièrement, il a dirigé les mezzo Marion Lebègue et Albane Carrère dans La Damnation de Faust d’après Berlioz, à l’Opéra de Rouen, au Théâtre Impérial de Compiègne et à Malraux, Sn de Chambéry et de la Savoie. en résidence à l’Opéra de Rouen, l’Opéra de Lille et au Théâtre Impérial de Compiègne, et a cofondé en Savoie le festival La Brèche. On peut le retrouver régulièrement avec ses partenaires privilégiées, les chanteuses Elsa Dreisig et Eva Zaïcik avec qui deux albums sont à paraître. Il est lauréat 2018 de l’Académie Orsay-Royaumont aux côtés du baryton Jean-Christophe Lanièce, et leur premier disque a paru chez B-record en 2019. En duo avec la violoniste Fiona Monbet, ils ont remporté le Prix de musique de chambre avec piano à l’ISA (In- ternational Summer Academy) du MDW à Vienne en 2016. Ancien élève de Hervé Billaut en cycle de perfectionnement au CRR de Lyon, il a également participé, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, à la classe de Lied et Mélodie de Jeff Cohen. Il est invité à se produire au Wigmore Hall à Londres, au Festival de Lied Victoria de Los Angeles de Barce- lone, en France au théâtre du Châtelet, au Grand sa- lon des Invalides, au Musée du Louvre, à l’Auditorium du Musée d’Orsay, à la Maison de la Radio, au Théâtre National de Chaillot, à l’Opéra de Lille, à l’Opéra de Rouen, au Théâtre Impérial de Compiègne. Il a en- core travaillé avec la chanteuse Adèle Charvet, les pianistes Susan Manoff, Jean-Sébastien Dureau, les violoncellistes Valérie Aimard, Marie Bitloch, Michèle Pierre, les violonistes Sarah Kapustin, Ann-Estelle Medouze, le clarinettiste Bertrand Laude, la flûtiste Mathilde Caldérini.
Diplômé en philosophie de l’Université Paris VIII et en musicologie au CNSMDP, il s’associe à des artistes venant d’horizons artistiques très divers : la metteuse en scène Tiphaine Raffier pour le Festival d’Avignon 2020, le vidéaste Jacques Perconte, la compagnie de théâtre l’Éventuel Hérisson Bleu. Il a été invité comme chef de chant pour la classe théâtre d’Emmanuelle Cordoliani au CNSMDP. Avec Marie Soubestre, il partage depuis deux ans le projet d’enregistrement de l’intégrale des lieder de Hanns Eisler sur les poèmes de Bertolt Brecht (projeteislerbrecht.com).
ENSEMBLE MIROIRS ÉTENDUS
Miroirs Étendus est une compagnie de création lyrique et musicale consacrée à la scène. Dotée d’un ensemble à vocation chambriste et d’une équipe technique défendant une ligne forte pour le son et la lumière, elle s’associe sur une période donnée à des artistes issus de tous les champs artistiques d’aujourd’hui pour rechercher de nouvelles formes d’opéra et créer des spectacles lyriques et musicaux. Les saisons de Miroirs Étendus alternent entre recompositions d’œuvres du répertoire, pièces contemporaines ou créations qui donnent lieu à une commande musicale, concerts de musique de chambre et récitals augmentés. Miroirs Étendus est associé à La Brèche festival, en résidence à l’Opéra de Rouen Normandie et au théâtre impérial de Compiègne, et soutenu par la DrAC Hauts-de-France, le Conseil régional Hauts-de-France, la Fondation Orange et le Géra Architectes.
Adapter Carmen
L’histoire de Carmen résonne avec une acuité particulière : c’est l’histoire d’un homme qui tue une femme parce qu’elle l’a quitté. Mais l’œuvre de Bizet laisse le spectateur plus libre quant aux interprétations à donner du personnage qu’on ne le pense souvent : où est la séduction dans l’histoire ? Carmen ne défend-elle pas plutôt la liberté ? Don José, jaloux, possesif, violent, obsédé de l’image qu’il renvoie au monde, à sa famille, à sa mère, n’accepte-t-il simplement pas cet esprit d’émancipation et de versalité as- sumé ? Dès lors, sans trahir l’œuvre, ni en perdre les aspects comiques et légers, comment alors faire parler Carmen ? Et surtout, comment donner aux chanteurs la liberté d’interpréter aujourd’hui cet opéra percutant, étranger et familier à la fois ?
Les personnages | le cœur du drame
L’adaptation se concentre volontairement sur le trio amoureux central (Carmen / Don José / Micaëla). L’histoire est réduite au plus simple drame, empruntant tant aux scènes de la vie conjugale bergmanienne qu’aux scènes de genre du cinéma populaire italien. Les personnages ne sont plus pré-déterminés par les choeurs, le reste des caractères, l’ar- rière-plan que décrit le livret original. Ne restent que les scènes de jeu ; des actions qui montrent les points de bascule, le versalitité du désir et du sentiment amoureux. L’inven- tion consiste ici en l’ajout d’un personnage figurant le Destin — à la fois entremetteur, ma- gicien, athlète, danseur-torreador. L’incarnation de la destinée dans une figure particu- lière sert un double dessein. Il personifie avec légèreté la dimension tragique de l’œuvre. Il accompagne le spectateur dans la compréhension du sens du drame : une tragédie n’est pas la représentation d’une acte déplorable dans le passé mais l’avertissement qu’un tel acte peut malheureusement se produire. Le Destin prend alors à son compte la question fondamentale du théâtre : pourquoi représenter le drame?
Le fil narratif | esthétique du montage
Seules les scènes mettant en jeu les trois personnages ont été conservées. L’histoire est racontée sans détour, le fil narratif est direct. Certains éléments du livret ont été suppri- més comme par exemple le fait que Don José soit un militaire ; d’autres renforcés en re- gard comme le poids de la figure maternelle dans l’histoire. Pour raconter la fable ain- si, il a fallu procéder à une esthétique du montage qui rapproche certaines scènes, en isole d’autres. Le drame est raconté-dansé par la figure énergique du Destin qui semble construire en direct la dramaturgie et y soumet en même temps les chanteur-se-s et, par eux, les personnages. Les quatres parties de l’opéra ont été reconstruites librement ainsi dans un souci de clarté et de compréhension.
La scène | un plateau nu, l’espace du jeu
Le plateau reste nu. Un unique jeu de cintres fait monter et descendre un grand rideau de velours solaire. Quelques accessoires introduits par le personnage du Destin interviennent dans la narration : une table, deux chaises, des oranges, des costumes. L’espace prend vie par la lumière ; les quatres parties font donc fonctionner le plateau différement. Dans l’acte 1, le plateau est très éclairé, les chanteur-se-s s’y déplacent en mouvement large comme lors d’une fête sur une place de village. Ils se rencontrent, se croisent, nouent des liens. Dans l’acte 2, que figure une grande scène entre Carmen et Don José, l’espace est réduit dans un couloir à l’avant-scène pour rapprocher les chanteurs et dessiner un espace plus intime. À l’acte 3, partie qui se joue dans la nuit, acte des solitudes, l’obscurité envahit le plateau et les personnages jouent et chantent comme à la lumière de la lune. Enfin, dans la partie finale, le rideau de velours devient celui du théâtre et de la coulisse, symbolise la frontière entre espace caché et espace visible ; la scène finale où Don José tue Carmen se situe d’ailleurs dans cet entre-deux.
Les conventions | le tragique avec légèreté
Les codes de jeu sont volontairement divers, ce qui correspond selon moi d’ailleurs à l’esprit de l’œuvre originale. Le passage d’une convention à l’autre sert non pas à détourner le spectateur et le public familial du sens de l’œuvre mais bien à apprivoiser émotionnellement le tragique et le dénouement malheureux de l’histoire. La mort est un sujet trop sérieux pour que le théâtre s’en empare sans vitalité et sans esprit.







