Prenant pour point de départ, le célèbre « I have a dream » de Martin Luther King, le chorégraphe burkinabé, Salia Sanou dédie sa pièce à la puissance des rêves, singuliers ou collectifs. Véritable ode au combat, à la vie et à la poésie, D’un rêve est une comédie dansée pour 8 danseurs et 4 chanteuses, où les voix puissantes vibrent sur les musiques du congolais Lokua Kanza et les mots des slameurs et poètes Capitaine Alexandre et Gaël Faye. La danse y déploie son désir de liberté, depuis les champs de coton jusqu’au cabaret jazz. Une pièce libre et galvanisante, en résonance avec l’état du monde.
conception et chorégraphie Salia Sanou, danse Milane Cathala-Difabrizio, Ousséni Dabaré, Kevin Charlemagne Kabore, Siham Falhoune, Ida Faho, Elithia Rabenjamina, Marius Sawadogo, Akeem Washko chanteuses Lydie Alberto, Ange Fandoh, Virginie Hombel, Dominique Magloire musique Lokua Kanza texte Capitaine Alexandre et Gaël Faye vidéo Gaël Bonnefon scénographie Mathieu Lorry-Dupuy lumière Marie-Christine Soma costumes Mathilde Possoz. régie générale Denis Rateau régie Lumière Nathalie De Rosa régie son Delphine Foussatdirection de production Stéphane Maisonneuve attachée de diffusion Fatma NAKIB, remerciements Patricia Carette et Jean-Paul Guarino
production Compagnie Mouvements perpétuels co-production Festival Montpellier danse, Le Grand R Scène nationale de La Roche-sur-Yon, Théâtre de la Ville – Paris, Maison de la Culture d’Amiens, MC 93 Bobigny, Bonlieu Scène nationale Annecy, Malraux Scène nationale Chambéry Savoie, L’Empreinte Scène nationale Brive-Tulle, Charleroi danse Centre chorégraphique de Wallonie Bruxelles, Théâtre Garonne – scène européenne, Le Théâtre Scène nationale de Mâcon, Le Cratère Scène nationale d’Alès, MA scène nationale – Pays de Montbéliard avec le soutien du Centre de développement chorégraphique La Termitière à Ouagadougou et de la SPEDIDAM. La Compagnie Mouvements perpétuels est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Occitanie et par la Région Occitanie, elle reçoit le soutien de la Ville de Montpellier.Salia Sanou est artiste associé auGrand R Scène nationale de La Roche-sur-Yon.
SALIA SANOU
Né en 1969 au Burkina Faso, Salia Sanou y suit des cours de théâtre et de danse africaine avant d’intégrer en 1993 la compagnie de Mathilde Monnier. Depuis, il mène des projets en France et en Afrique. Il fonde la compagnie Salia nï Seydou avec Seydou Boro en 1995. Lauréats des deuxièmes Rencontres chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan indien, ils reçoivent le prix Découverte RFi Danse en 1998. De 2003 à 2008, Salia Sanou est artiste associé à la scène nationale de saint-Brieuc, avant d’être en résidence au Centre National de la Danse à Pantin de 2009 à 2010. Avec Seydou Boro, il crée la biennale Dialogue de corps à Ouagadougou ainsi que La Termitière, un Centre de développement chorégraphique ouvert en 2006 et qu’il dirige depuis. En 2011, il fonde la compagnie Mouvements perpétuels implantée à Montpellier. D’une création à l’autre, il creuse la question des frontières et de l’altérité. Il crée Au-delà des frontières (2012), Clameur des arènes (2014) pour le festival Montpellier Danse et Doubaley le miroir en 2013. Du Désir d’horizons (2016), s’inspire des ateliers qu’il a conduits pendant 3 ans dans les camps de réfugiés maliens au nord du Burkina Faso. Pour Multiple-s (2018-19) il convie tour à tour trois artistes qi ont ponctué son parcours, la chorégraphe Germaine Acogny, la romancière Nancy Huston et le musicien Babx… Depuis 2020, Salia Sanou est un artiste associé au Grand R Scène nationale de la Roche-sur-Yon.
Le célèbre « I have a dream » du Pasteur Martin Luther King résonne plus que jamais aujourd’hui comme un hymne de résistance et d’altérité. Avec « D’un rêve », Salia Sanou interroge la dimension contemporaine du rêve, qu’il soit singulier ou collectif. Peut-on encore rêver, rêver le monde, mais aussi notre vie traversée de temps de solitude, d’espaces de partage où l’autre tient toute sa place ? Conçue comme une comédie dansée, le chorégraphe convoque le son, les voix et la danse à la manière d’une comédie musicale conjuguant joie, plaisir à et gravité. Il développe un univers tout en énergie à l’intérieur duquel se révèle un regard critique en résonance avec l’état du monde. La musique est confiée au tandem Capitaine Alexandre / Gaël Faye pour les textes et Lokua Kanza pour la composition. Renouer avec l’énergie, réaffirmer pleinement la vie, le désir comme un rêve éveillé par-delà nos peurs et nos différences… Tenter un rêve de réenchantement, un rêve pour célébrer l’unité de la vie, sa force et sa nécessité. Avec « D’un rêve », le chorégraphe et danseur poursuit sa voie, son cheminent artistique qui d’une création à l’autre sonde et questionne la dimension de frontières, d’exil, d’identité et d’altérité.
Entretien avec Salia Sanou Propos recueillis par Patricia Carette – mai 2021
Pourquoi nommez-vous « D’un rêve » comme une comédie dansée ?
SALIA SANOU : Il est sans doute nécessaire que je précise ce que je nomme une comédie dansée plutôt qu’une comédie musicale, même si les deux termes en soi ne s’opposent pas. Je dirais que si certains codes de la comédie musicale sont présents dans le spectacle, je tenais à mon idée de comédie dansée voire de tragi-comédie avec le voeu d’éviter les pièges que peuvent imposer le genre, la forme et les représentations imaginaires de la comédie musicale.
Quel est le thème central « D’un rêve » ? Vous évoquez également le terme de tragi-comédie que voulez-vous dire exactement ?
Le départ de ma rêverie se fonde sur le célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream », c’est le fil rouge de la création. J’ai par ailleurs le souhait d’une mise à nu, sans merci et sans concession, du lien entre ce qui pourrait définir un monde où singulier et universel se confrontent d’une façon plutôt inquiétante : ce que j’exprime le plus souvent comme le « Je et le Nous » de notre société contemporaine.
Je peux évoquer le terme de tragi-comédie dès lors que le spectacle, dans sa configuration, laisse place de façon kaléidoscopique à la lutte et aux résistances qu’ont affrontées les esclaves avant la transmission de leurs musiques et de leurs expressions en premier lieu sur les scènes américaines.
Se conjuguent alors la musique et la danse dans une polyphonie où les voix et les gestes sont autant d’adresses singulières et plurielles pour faire écho, comme je le disais, au « Je » et au « Nous ».
Avec « D’un rêve » vous avez accordé une place importante au chant ? Comment allez-vous lui donner corps dans le spectacle ?
Avant de vous parler de la musique et du chant en particulier je souhaite revenir sur le thème central du spectacle. J’ai avant tout le désir que « D’un rêve » se révèle avec des tableaux qui s’enchaînent dans un rythme où le corps et les voix sont tissés pour faire vivre au public une forme d’évasion du réel, du moins le temps d’une représentation, comme un ré-enchantement. La dimension poétique que j’accorde au spectacle explore avec les corps, la musique, les décors, la lumière, les costumes une traversée que j’espère sensible et joyeuse !
Les corps y sont célébrés comme autant d’états intimes, solitaires ou collectifs.
Je me suis rendu compte en écrivant ma danse que j’explorais aussi un travail de mise en lumière du corps noir, de ses représentations au fil du temps. Cette révélation, au départ totalement
inconsciente, participe également au sens de la création et me paraît être une question toujours d’actualité.
Enfin pour revenir à la couleur musicale, elle est portée par quatre chanteuses qui seront sur scène avec les danseur‧euse‧s et qui interpréteront des textes de Gaël Faye et de Capitaine Alexandre sur une musique de Lokua Kanza. Au-delà du travail de création de ces trois artistes, j’ai choisi quelques morceaux sur lesquels nous avons un jour toutes et tous dansé.
Voilà d’ores-et-déjà les pensées et réflexions qui sous-tendent « D’un rêve ». Fort heureusement une partie de la composition m’échappe et laissera place, je l’espère, aux regards et aux sensations qui appartiennent au public. Après ces longs mois difficiles il reste surtout à rêver que nous serons réunis autour de temps forts avec et pour la danse !



