À l’image de l’œuvre de Goliarda Sapienza, cette adaptation d’Ambre Kahan est monumentale. Vous y suivrez la vie de Modesta, née le 1er janvier 1900 dans une Sicile aussi sombre que solaire. D’une famille pauvre, la jeune fille, farouche et insoumise, fait preuve d’une formidable volonté pour accéder à l’ascenseur social. Femme, mère, amie, amante, son combat est celui de toute une génération. Près de neuf années ont été nécessaires à l’auteure pour écrire cette fresque qui traverse les tragédies et découvertes du 20e siècle. Ambre Kahan et ses 14 acteurs et musiciens joueront les deux premières parties de ce livre fleuve. Une ode à la liberté, un hymne à la joie.
Annulation du spectacle L’Art de la Joie
Nous sommes au regret de vous annoncer l’annulation du spectacle L’Art de la joie d’Ambre Kahan qui devait se jouer ces vendredi 29 et samedi 30 mars 2024.
Nous venons d’apprendre que la comédienne principale est malheureusement gravement souffrante.
Nous partageons avec vous la grande tristesse de toute l’équipe du spectacle de devoir se résoudre à annuler sa venue à Chambéry.
Il ne sera hélas pas possible de vous proposer de découvrir la pièce d’ici la fin de la saison. Si vous aviez déjà vos billets pour le spectacle, notre service accueil-billetterie reviendra rapidement vers vous avec des précisions sur les modalités d’avoir ou de remboursement de vos billets.
Vous remerciant de votre compréhension,
L’équipe de Malraux scène nationale
adaptation théâtrale Ambre Kahan écriture de « Giùfa » par le poète « Paradis » mise en scène Ambre Kahan assistanat à la mise en scène Romain Tamisier création lumière Zélie Champeau création son Mathieu Plantevin création musicale Jean-Baptiste Cognet scénographie Anne-Sophie Grac costumes Angèle Gaspar perruques & maquillage Judith Scotto régie générale Charles Rey régie plateau Ida Renouvel direction de production Olivier Talpaert et Nathalie Untersinger chargée de production Lucie Brongniart construction du décor Ateliers de la MC93 interprètes Aymeline Alix, Jean Aloïs Belbachir, Florent Favier, Noémie Gantier, Amélie Gratiascen alternance avec Karine Guibert, Vanessa Koutseff, Elise Martin, Serge Nicolaï, Léonard Prego, Louise Rieger, Richard Sammut, Romain Tamisier, Sélim Zahrani musicien·ne·s Amandine Robilliard et Romain Thorel
remerciements Angelo Pellegrino, Frédéric Martin et les éditions Le Tripode, Amélie Casasole, Leïla Adham, Anna Budde et Margaux Knittel, Matthieu Sandjivy,Leslie Six et Thierry Seguin et le Centre national pour la création adaptée – Morlaix et Matthieu Arrondeau de France Active.
Les services costumes : du Théâtre National de Strasbourg, et particulièrement Bénédicte Foki et Pauline Zurin ; des Célestins, Théâtre de Lyon, Florian Emma et Bruno Torres ; de la MC93, Charlotte Merlin et de la Comédie de Valence, centre dramatique national de Drôme-Ardèche, Dominique Fournier.
Les stagiaires costumes : Valentine Calo et Elise Appenzelle.
Philippe et Marie-Thérèse Kahan, Monica Budde, et Ahmed Belbachir,Laure Vasconi, Claire de Saint Martin, Laura Lutard, Justine Mergnac et Charlie Dracon.
Ambre Kahan remercie tout particulièrement celles et ceux qui ont pris part à ce projet, à un moment ou à un autre, et l’ont aidé à grandir.
Ambre Kahan / Compagnie Get out est artiste associée aux Célestins, Théâtre de Lyon et à la Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche pour la saison 2023/24.
Adapté de l’Art de la Joie de Goliarda Sapienza, traduit de l’italien par Nathalie Castagné, éditions Le Tripode.
production La compagnie Get Out, La Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche
production déléguée La compagnie Get Out
co-productions Les Célestins – Théâtre de Lyon, MC93 – Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis ; Théâtre de Villefranche-sur-Saône, Malraux, Scène nationale Chambéry Savoie ; Le Grand T – Théâtre de Loire Atlantique, L’Azimut – Antony/Châtenay-Malabry, Pôle National Cirque en Ile-de-France, Châteauvallon-Liberté, scène nationale.
avec le soutien de la Direction Générale de la Création Artistique et de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, du Fonds Porosus, de la Ville de Lyon, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD – PSPBB, de la fondation E.C.Art-Pomaret, avec l’aide de Châteauvallon,scène nationale dans le cadre d’une résidence de création, de la SPEDIDAM et de l’ADAMI.
avec le soutien du dispositif d’insertion de l’Ecole du TNB.
avec le soutien de RDI – FRANCE ACTIVE
Le point de départ est le livre.
Cette œuvre monumentale de Goliarda Sapienza. L’histoire est simple, comme une fable.
Nous suivons la vie d’une femme, Modesta, de l’enfance à la vieillesse, le tout en Sicile d’où elle nous fait traverser le 20e siècle.
Elle commence les pieds dans la boue et va traverser les couches sociales de la société avec comme guide cet art de la joie qui transforme tout.
Modesta est. Elle est femme. Mère. Amie. Amante. Ses amants et amantes sont sur son chemin et peuvent être une jeune femme, un vieil homme, une femme plus mûre qu’elle, un jeune homme. Il peut y avoir de la passion, de l’amitié, de la fusion intellectuelle dans ses amours.
Elle est vivante. Mouvante. Elle traverse le siècle avec un appétit de savoir, de comprendre et d’agir insatiable.
Elle fait du bien par sa complexité. Cette complexité est centrale. Joie ne veut pas dire légèreté, mais puissance. Complexité ne veut pas dire obstacle. C’est plus comme une vision terriblement clairvoyante de notre humanité.
C’est par ce reflet-là que nous sommes si nombreux en lisant ce livre, à nous identifier.
Son rapport au monde et aux autres résonne en chacun, chacune.
Modesta effectue des allers-retours entre ce qu’elle vit et ce qu’elle nomme : manière de traiter la dimension rétrospective de l’écriture. Il s’agit d’un livre de souvenirs et non d’un journal. Modesta se souvient : de ses 5 ans d’abord, puis déroule le fil du souvenir jusqu’à celui de son dernier amour. Il ne s’agira pas de se situer du côté de la vieillesse mais le présent des souvenirs relatés sera ambigu dans la mesure où Modesta sera incarnée par une seule comédienne : Noémie Gantier. Il n’y aura pas de Modesta enfant, adolescente, adulte puis âgée… Un seul corps pour une seule vie. Un seul visage pour tous les âges, pour toutes les femmes que Modesta a pu être.
Le texte ne sera pas intégral mais le projet est d’en retenir le plus possible pour rester dans l’excès si caractéristique de l’écriture, pour garder le tumulte, le désordre et le débordement. L’adaptation n’opèrera donc aucun resserrement, aucune simplification, elle ne soumettra le texte à aucune orientation et se situera, comme le manuscrit, du côté du bruit et de la fureur.
Si la joie a à voir avec la puissance, elle est une force indomptable dont les orientations sont infinies : « La joie, ça n’est pas être content de soi, la joie c’est la conquête, la conquête de soi-même ou pour un peintre, la conquête de la couleur (…) La joie est puissance de vie. » Gilles Deleuze
Le roman se découpe en quatre parties.
Nous avons suivi cette forme et dans l’adaptation : une partie équivaut à un acte. Il a été décidé de commencer par créer les deux premiers actes (environ 4 heures de spectacle) et de suivre le mouvement de l’écriture. Il y a dans le roman une ellipse temporelle entre la partie 2 et la partie 3. Dans la première partie nous la rencontrons dans l’enfance, puis suit sa jeunesse au couvent, sa sortie vers 17 ans, la naissance de son enfant vers 20 ans. À la fin de cette première partie haletante et très rythmée, nous entrons véritablement dans le cœur de l’histoire. Dans la partie 2 Modesta a acquis sa place dans la société, rencontre la politique, le communisme, trouve une nouvelle voie de liberté car elle s’émancipe sans être dans la survie du début. Un cycle se termine à ce moment-là, la mort de certaines figures, le combat avec Mattia, sa blessure à elle, qui va la transformer même physiquement pour la suite… Nous avons la sensation d’avoir déjà fait un beau bout de chemin à ses côtés !
Prendre ce temps pour la création du spectacle fait sens à la fois d’un point de vue dramaturgique mais aussi humain… Noémie Gantier ne quittera pas le plateau durant tout le spectacle et c’est la temporalité et la dramaturgie qui lui permettront de faire face à la performance.
Pour faire vivre ces mots, pour entendre et sentir l’intensité, le désordre, la joie, j’imagine un plateau où les scènes se juxtaposent, se superposent, se chevauchent. Je vois la possibilité de démultiplier les scènes pour conserver toujours cette sensation d’excès et de mouvement propre. Des plans différents, intimes ou plus larges, des scènes à deux ou à plusieurs permettront également de créer de la perspective sur le plateau. À l’arrière-plan pourront se dérouler des tableaux, plus ou moins présents selon l’intimité des scènes en avant-plan. Les plans pourront aussi s’inverser, mêlant Modesta à la fresque. La mise en scène jouera avec le proche et le lointain.
Un travail sur le son permettra également de jouer avec cette idée de perspective, de mettre en avant tantôt l’intime tantôt ce qui est plus vaste, tantôt un espace, tantôt un autre.
Les espaces se mêleront, se croiseront : un bureau sur une plage, des femmes en costume de bal jouant à quatre mains derrière un synthé Yamaha, des empilements de cercueils, des voiles…L’espace sera onirique, organique, avec son vent, sa poussière. La vidéo ne sera pas invitée à pallier les possibles. Les images se construiront devant nos yeux. A l’inverse les costumes suivront une ligne réaliste vis à vis de l’époque et nous pourrons suivre à travers eux la libération progressive des corps. Le corset, les bandages, racontent un carcan, une entrave dont Modesta va se libérer comme de tout le reste.
Ambre Kahan, le 4 juillet 2022
Nathalie Untersinger : Tu vas adapter ce roman à la scène, comment as-tu choisi L’Art de la joie et comment envisages-tu le passage de la narration romanesque à l’écriture théâtrale ? Y-a-t-il des difficultés propres au passage d’une forme à l’autre ?
Ambre Kahan : Le choix d’un projet est un passage assez mystérieux. On ne sait pas trop qui choisit qui dans l’affaire. Mais c’est comme s’il n’y avait plus de choix en définitive. La rencontre avec ce texte découle d’une discussion avec Amélie Casasole, la directrice du Théâtre de Villefranche-sur-Saône… On parlait d’Albertine Sarrazin et elle était surprise que je ne connaisse pas Goliarda. J’ai lu le roman en 5 jours. Je n’avais jamais éprouvé physiquement autant de choses lors d’une lecture. Elle m’a remise sur pied, elle a mis des mots sur beaucoup de mes croyances. Elle donne de la force, de la puissance. Elle donne même envie de vieillir…
Pendant la lecture du roman, il y avait des passages que j’avais envie de lire à haute voix. Goliarda était aussi actrice et cela se sent. Elle va jusqu’à écrire des passages dialogués avec des didascalies. L’oralité de l’œuvre rend évidente son incarnation.
J’ai pensé à créer un personnage en plus (comme s’il n’y en avait pas assez !!!) nous l’appelons Giùfa et c’est une sorte de bouffon de la reine. Modesta est celle qui raconte, elle est la narratrice de sa propre histoire. Giùfà est là pour guider le spectateur dans la fresque. Il est au présent. Il remplace parfois aussi les apparitions de Tuzzu, un personnage qui suit en pensées Modesta tout au long de sa vie.
Ce Giùfà est écrit par le poète Paradis qui est aussi l’acteur Florent Favier. C’est lui qui prendra en charge cette partition au plateau avec la possibilité d’écrire encore tout au long des répétitions en prise avec la réalité du moment.
Vois-tu un lien entre ton dernier projet : Ivres une pièce de Viripaev, et l’œuvre de Goliarda Sapienza ? Plus généralement, comment s’inscrit L’Art de la joie dans ton parcours de metteure en scène ?
Le lien qui me vient en premier à l’esprit c’est le nombre d’interprètes… Ce sont des histoires qui se racontent dans une pluralité, un échantillon d’humanité pour Ivres, une véritable fresque pour L’Art de la joie.
La temporalité est importante pour parler du chemin. Ivres a mis beaucoup de temps à se construire. 15 interprètes c’était gros ! Il a fallu tenir bon. J’ai mis quatre ans à rassembler les partenaires pour que le projet puisse voir le jour. Puis est arrivée la tempête du Covid.
C’est sur la phase finale de la construction de Ivres (période de doute absolu sur l’issue de la chose) que j’ai découvert le texte de Goliarda.
Je pense que ce métier est insensé. Et pour porter tout ça jusqu’au bout, il faut un désir vital sur le texte.
Je n’ai donc, pas, comme pour Ivres, pensé que ça n’était pas possible, ou fou, ou trop gros, ou trop long… Je me suis juste dis que j’aurais aimé découvrir ce texte avant dans ma vie. Que ça aurait changé pas mal de choses pour moi. Que c’était une parole essentielle à entendre et à partager aujourd’hui !
C’est cette urgence qui m’a emportée.
Comment ressens-tu le fait que ce soit un projet qui va certainement s’étendre sur 5 ans ?
C’est vertigineux. En même temps c’est la durée qu’a pris Ivres. Je sais à quoi ça ressemble. Cette obsession qui s’installe sur une œuvre. Une plongée. Le temps devient complice, il permet d’aller plus loin, moins en surface. Je pense que j’adore à l’inverse créer dans l’urgence en une semaine avec les moyens du bord et à la fois étirer l’espace et le temps pour rencontrer une force dans le sujet. On n’est plus juste dans « faire un spectacle », ça devient une tranche de vie et comme j’envisage mon travail de façon assez totale ça me convient complètement, c’est même plus simple ainsi pour moi.
J’imagine que tu trouves un sens très actuel au féminisme de Modesta ?
Non justement. Ce que je perçois aujourd’hui du féminisme est multiple, il y a plein de féminismes aujourd’hui, et qui s’affrontent entre eux. Cela crée un clivage. Il y a beaucoup de discours dans lesquels je ne me reconnais pas.
Pour moi ce livre c’est la réconciliation des sexes. La réconciliation avec le mystère, le sacré. La liberté qui habite Modesta est réelle. Elle est implacable et douce.
Aujourd’hui affirmer une chose veut forcément dire l’opposer à autre chose. Ce conflit constant empêche le trouble, l’interstice.
Le féminisme de Modesta est celui de la liberté, il refuse toute forme de case et donc même celle du féminisme.
J’y vois un lien très proche avec Virginia Woolf et notamment Orlando, sur la possibilité d’être homme et femme ? Modesta dit souvent qu’elle parle comme un homme ou agit comme tel ? Et pourtant elle revendique une féminité absolue. Comment résout-elle cette question du féminin ?
Rien n’est à résoudre puisqu’il n’y a pas de problème. Il n’y a pas besoin de revendiquer, de nommer, de se définir.
Elle est complexe, multiple. Parfois elle peut être dans la posture d’un homme (dans ce contexte historique où elle se retrouve avec des responsabilités et des libertés que les femmes n’avaient pas), et va jusqu’à être dans une posture de femme-enfant face à son fils. Et tout est accepté, tout est possible car elle est libre, totalement.
Modesta invente un royaume, une sorte d’utopie communautaire et familiale ? Est-ce une part du récit à laquelle tu as été sensible ?
Communautaire je ne sais pas. En tout cas, j’ai été bouleversée par son rapport à la maternité et à l’éducation. Je n’avais jamais lu une pensée aussi forte, aussi juste, sur ce lien de chair ou d’amour (elle accueille aussi des enfants qui ne sont pas nés d’elle).
Il me semble qu’il n’y a pas la volonté (en général elle est « action » mais dans une forme de confiance très loin du volontarisme) de créer cette communauté utopiste. En revanche, elle a ce pouvoir de rassembler les êtres. Ce lieu devient un refuge, un lieu de passage, de liberté, où on a envie de se laisser porter.
L’amour – et les formes multiples qu’il peut prendre – n’est-il pas le cœur du roman ? Modesta est-elle révolutionnaire en réaffirmant la primauté du désir ?
Le désir c’est le mouvement. Et Modesta est en mouvement. Elle plonge dans l’amour avec une force incroyable, mais elle a la particularité de disséquer pour nous tout ce qu’elle vit. La haine n’est pas loin. Elle ne juge pas ce qu’elle ressent. Ce qui nous amène au trouble. Comment une enfant peut avoir du désir sexuel ? Comment la scène du viol par son « père » nous déroute car elle décrit au présent chaque chose. Avant la déchirure et la douleur du viol il y a l’envie, l’excitation car elle ne sait pas à ce moment-là ce qu’il se passe.
Elle vit, regarde, partage avec nous, lecteur, l’intime, l’indicible. Et cela nous renvoie à nos propres pensées, celles que nous voulons rejeter car elles nous font peur. Comme Modesta analyse sans jugement et sans peur, elle nous libère, elle arrache de nous une culpabilité qui nous soumet.
En écoutant les lectures, on entend aussi une dimension humoristique, qui peut échapper à la lecture ? Comment analyses-tu cela ?
Oui c’est ce qui nous sauté au visage à la découverte du texte lors de notre première résidence à la MC93. La liberté dont on parle tout au long du roman est partout. Elle doit être partout… À la fois dans le traitement, dans l’esthétique, dans la pensée. Et Goliarda se joue des codes au sein même de son écriture. On peut passer du boulevard, au drame, au théâtre contemporain, à la performance. Mais surtout, l’humour est beaucoup plus présent que ce que je pouvais imaginer. Modesta nous désarme parce qu’elle est imprévisible, à la fois dans l’intensité et dans sa folie joyeuse.
Reconnais-tu un lien avec Le Guépard ? Et vois-tu aussi ce roman comme une méditation sur le temps et la mort ?
Le roman est une réponse au Guépard. Son éditeur, Frédéric Martin, me racontait qu’elle connaissait Visconti et avait travaillé avec lui. L’Art de la joie commence là où Le Guépard se termine et ça n’est clairement pas un hasard. Le nom de Modesta aussi… Elle raconte depuis là, depuis ceux qui ont les pieds dans la boue, les modestes, et elle trace la fresque depuis cette classe populaire. Modesta gravit ensuite les échelons des classes sociales tout en restant éveillée et critique. Ce qui est fascinant c’est la façon dont elle s’approprie le langage de chacun puis comment elle met en pratique des principes théoriques de vie, elle va au bout de ses expériences avant de conclure quoi que ce soit. Elle reste vivante et sensible, fidèle à sa « nature » tout en restant poreuse aux rencontres qui la façonnent.
Sur la question du temps et de la mort, je dirais que ce roman évacue la question de la peur. Sans peur tout est possible.