Quand le chorégraphe Angelin Preljocaj revisite le célèbre ballet avec sa troupe de 26 danseurs virtuoses, cela donne une explosion de danse alternant solos et mouvements de choeur, une fable romantique qui fait résonner les thématiques écologiques d’aujourd’hui, une vision sombre et électrique d’une oeuvre mythique, portée par la musique de Tchaïkovski et quelques accents contemporains. Une parfaite alchimie du ballet classique et de la danse contemporaine. Spectaculaire et grandiose
chorégraphie Angelin Preljocaj musique Piotr Ilitch Tchaïkovski musique additionnelle 79D vidéo Boris Labbé lumières Éric Soyer costumes Igor Chapurin
assistant adjoint à la direction artistique Youri Aharon Van den Bosch assistante répétitrice Cécile Médour choréologue Dany Lévêque
Le Ballet Preljocaj / Centre Chorégraphique National est subventionné par le Ministère de la culture et de la communication – DRAC PACA, la Région Sud -Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône, la Métropole Aix-Marseille Provence / Territoire du Pays d’Aix et la Ville d’Aix-en-Provence. Il bénéficie du soutien du Groupe Partouche – Casino Municipal d’Aix-Thermal, des particuliers et entreprises mécènes ainsi que des partenaires
« Une oeuvre exaltée par une danse vertigineuse et une chorégraphie inventive. » Chroniques de danse, 12 octobre 2020
« Un lac léger comme une plume. Magique et poétique. » La Provence, 22 octobre 2020
« Ce nouveau Lac est revisité avec exigence et talent. » Danser Canal Historique, octobre 2020
« Inventif, virtuose et référencé, Le Lac des cygnes d’Angelin Preljocaj convoque nombre de figures et de tableaux familiers, enrichis d’un sens et d’un regard nouveau. » Zibeline, octobre 2020
« Angelin Preljocaj réussit le pari d’offrir un spectacle populaire, accessible à tous sans jamais renier les exigences artistiques. Entouré d’une troupe affutée, engagée physiquement, dévorant littéralement la scène, il réussit à gravir cette montagne magique que représente Le Lac des cygnes. » Danses avec la plume, 12 octobre 2020
« Angelin Preljocaj creuse la ligne du funeste conte, celle où l’amour n’est ni triomphant, ni vainqueur. Écriture foisonnante, débordante, puisant autant dans le registre néoclassique que pop électro (…). Avec sa délicatesse habituelle, Angelin Preljocaj soigne les mouvements, les gestes pour faire de chaque scène de véritables tableaux vivants. (…) Un rêve mélancolique qui touche par son élégance et certains époustouflants tableaux. » L’oeil d’Olivier, 29 octobre 2020
« Le chorégraphe réussit la prouesse d’une totale réécriture tout en multipliant les références à l’oeuvre originale de Bourmeister. (…) On est dans une autre histoire, un autre univers, mais on s’y glisse pendant deux heures avec délectation. La qualité gestuelle de la troupe est exceptionnelle, les effets visuels sont efficaces ; les éclairages dessinent l’espace. Preljocaj s’amuse à casser les codes mais réussit toujours à retomber sur ses pieds avec agilité. Pour notre plus grand plaisir. »
Le Figaro Magazine, 30 / 31 octobre 2020
Né en France de parents albanais, Angelin Preljocaj débute des études de danse classique avant de se tourner vers la danse contemporaine auprès de Karin Waehner. En 1980, il part pour New York afin de travailler avec Zena Rommett et Merce Cunningham, puis continue ses études en France auprès de la chorégraphe américaine Viola Farber et du français Quentin Rouillier. Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusqu’à la création de sa propre compagnie en 1984. Il a chorégraphié depuis 55 pièces, du solo aux grandes formes. Angelin Preljocaj s’associe régulièrement à d’autres artistes dans des domaines divers tels que la musique (Goran Vejvoda, Air, Laurent Garnier, Granular Synthesis, Karlheinz Stockhausen), les arts plastiques (Claude Lévêque, Subodh Gupta, Adel Abdessemed), le design (Constance Guisset), la mode (Jean Paul Gaultier, Azzedine Alaïa), le dessin (Enki Bilal) et la littérature (Pascal Quignard, Laurent Mauvignier)… Ses créations tournent dans le monde entier (environ 110 dates par an) et sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes, c’est le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet et du Ballet de l’Opéra national de Paris. Il a réalisé des courts-métrages (Le postier, Idées noires en 1991) et plusieurs films, notamment Un trait d’union et Annonciation (1992 et 2003) pour lesquels il a reçu, entre autres, le « Grand Prix du Film d’Art » en 2003, le « Premier prix Vidéo-danse » en 1992 et celui du Festival de Vidéo de Prague en 1993. En 2009, il réalise le film Blanche Neige et en 2011 il signe, pour Air France, le film publicitaire L’Envol, qui reprend la chorégraphie du Parc. En 2016, il chorégraphie et réalise un nouveau film publicitaire, celui du parfum Galop d’Hermès. Il a également collaboré à plusieurs réalisations cinématographiques mettant en scène ses chorégraphies : Les Raboteurs avec Cyril Collard d’après l’oeuvre de Gustave Caillebotte en 1988, Pavillon Noir avec Pierre Coulibeuf en 2006 et Eldorado / Preljocaj avec Olivier Assayas en 2007. Réalisé avec Valérie Müller, le premier long-métrage d’Angelin Preljocaj, Polina, danser sa vie, adapté de la bande-dessinée de Bastien Vivès, est sorti en salle en novembre 2016. Plusieurs ouvrages ont été édités autour de son travail, notamment Angelin Preljocaj (Actes sud, 2003), Pavillon Noir (Xavier Barral, 2006), Angelin Preljocaj, Topologie de l’invisible (Naïve, 2008), Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse (Belles Lettres, 2011), Angelin Preljocaj (La Martinière, 2015) paru à l’occasion des 30 ans de la compagnie. Au cours de sa carrière, il a reçu plusieurs reconnaissances parmi lesquelles le « Grand Prix National de la danse » décerné par le Ministère de la culture en 1992, le « Benois de la danse » pour Le Parc en 1995, le « Bessie Award » pour Annonciation en 1997, « Les Victoires de lamusique » pour Roméo et Juliette en 1997, le « Globe de Cristal » pour Blanche Neige en 2009. Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur et a été nommé Officier de l’ordre du Mérite en mai 2006. Il a reçu le « Prix Samuel H. Scripps » de lʼAmerican Dance Festival pour l’ensemble de son oeuvre en 2014. En avril 2019, il a été nommé à l’Académie des Beaux-Arts dans la nouvelle section chorégraphie. En 2022, il met en scène et chorégraphie l’Opéra Atys de Lully pour le Grand Théâtre de Genève. Aujourd’hui composé de 24 danseurs permanents, le Ballet Preljocaj est installé depuis octobre 2006 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, un lieu entièrement dédié à la danse.
En tant que chorégraphe contemporain, que représente Le Lac des cygnes pour vous ?
Pour moi c’est un Everest, un monument de la danse. S’y attaquer est un vrai défi en soi (…)
Que gardez-vous du ballet original de Marius Petipa, Lev Ivanov sur la musique de Piotr Illitch Tchaïkovski ?
Je garde la trame amoureuse, le conte ensorcelant, lié à la transformation d’une femme en cygne. Par contre, je modifie tout à fait la place des parents. Dans, la plupart des versions du Lac des cygnes, ils sont plutôt des personnages secondaires, ils ne dansent pas ou peu. Cette fois, ils sont très importants, dansent beaucoup, car ils ont une incidence sur les relations des protagonistes. Le père de Siegfried est un homme assez tyrannique, porté sur les abus de pouvoir. Sa mère est plutôt protectrice, un peu en écho à l’univers de Proust. D’ailleurs, il est assez amusant de constater que A la Recherche du temps perdu met en scène Swan et sa maîtresse Odette ! J’ai l’impression qu’il était assez proche du Lac des cygnes… Rothbart est toujours là, c’est un sorcier à ses heures, un personnage très ambigu. Il n’est pas seulementnmagicien, il a d’autres fonctions sociales. Il peut représenter des hommes d’affaires ou des industriels exploiteurs, qui peuvent être néfastes à nos sociétés. Le père de Siegfried est un peu dans le même profil sans être magicien. Il se trame une sorte de plan, de complot entre eux. Y verriez-vous une forme de marchandisation des corps ? Car d’une certaine façon, dans le livret original déjà, Rothbart utilise sa fille à des fins délétères… C’est exactement ça ! En réalité le père et Rothbart se mettent d’accord pour marier le fils à la fille, pour faire fructifier le patrimoine. « C’est peut-être le meilleur hommage à rendre à Marius Petipa que d’entrer dans son processus créatif, de réinventer les choses. »
Gardez-vous la partition de Tchaïkovski ?
Je garde 90% de Tchaïkovski dont 90% sont issus du Lac des cygnes, et 10% d’autres oeuvres du même compositeur. Je n’ai pas conservé toute la musique du Lac des cygnes, qui dure trois heures, et comme j’avais envie de raconter des choses qui ne sont pas dans le livret original, j’ai recherché d’autres éléments dans l’oeuvre et j’ai redécouvert Tchaïkovski. J’ai ainsi exploré les symphonies, les oeuvres pour orchestre. La base, le socle musical, demeurent Le Lac, complété par des extraits du concerto pour violon, d’ouvertures, de symphonies…
Pourra-t-on retrouver des éléments issus de la chorégraphie de Petipa / Ivanov ?
J’ai trouvé intéressant de m’appuyer sur certains traits chorégraphiques, comme pour un palimpseste. Comme si j’arrivais sur un Oppidum et que, sur ces traces de constructions anciennes je bâtissais une nouvelle ville. Pour certaines parties, justement dans l’acte blanc, je me suis beaucoup amusé. Ce sont des moments démonstratifs tout à fait jubilatoires, que j’ai conservés comme des petits numéros et que j’ai essayé de me réapproprier. En vérité, la chorégraphie n’est pas du tout d’après Marius Petipa, car je l’ai entièrement réécrite. Ce n’est donc pas un remaniement, structurellement et fondamentalement c’est une chorégraphie originale. C’est peut-être le meilleur hommage à rendre à Marius Petipa que d’entrer dans son processus créatif, de réinventer les choses. Odette / Odile, c’est-à-dire le cygne blanc et le cygne noir, seront-ils réunis en un seul rôle comme dans la version classique actuelle ? Oui. C’est un rôle difficile qui requiert des qualités opposées, en terme de virtuosité, d’interprétation, et il faut vraiment un travail intense pour trouver l’équilibre dans les deux personnages, sans rien céder sur l’exigence nécessaire.
Angelin Preljocaj
Propos recueillis par Agnès Izrine – Octobre 2020





