Revenu déguisé en homme, Dionysos est l’étranger. Penthée, responsable de la cité de Thèbes, s’inquiète du chaos infligé à sa cité par cet inconnu. Il décide de l’affronter violemment… Deux millénaires nous séparent des Bacchantes. Et pourtant, cette oeuvre résonne de façon saisissante par ses thèmes et ses enjeux. Folie meurtrière commandée par un Dieu, méfiance vis-à-vis de l’étranger, place des femmes dans la cité, aveuglement… Par son côté androgyne et sa puissance naturelle, Anne Alvaro incarne Dionysos. Par son inventivité, Penthée, c‘est Ulrich N’Toyo. La vivacité du jeu de Jocelyn Lagarrigue complète la distribution. A leur côté, le choeur est formé de Benoît Lugué, Martin Wangermée et Sara Llorca. Ensemble, ils questionnent les limites de notre humanité dans une troublante adaptation de la tragédie grecque d’Euripide.
adaptation : si lointain, si proche
Deux millénaires nous séparent des Bacchantes. Et pourtant, cette oeuvre résonne de façon saisissante par ses thèmes et ses enjeux. Folie meurtrière commandée par un Dieu, méfiance vis à vis
de l’étranger, place des femmes dans la cité, aveuglement, limites de notre humanité… La tentation de la simplification est grande. Mais en même temps que nous nous en sentons proches, la tragédie grecque nous est étrangère. « Elle fonde notre culture, et pourtant nous ne la comprenons pas »
Nous ne chercherons donc pas à actualiser ou à restituer ce qui par définition ne peut pas l’être. Cet enjeu majeur de la compréhension nous a conduits à la réécriture. Pour mener ce travail, nous collaborons avec Charlotte Farcet, dramaturge et actrice avec qui Sara Llorca a eu l’occasion de partager une vision de la tragédie antique lors de leur travail commun pour le cycle Des Femmes de Sophocle (mise en scène de Wajdi Mouawad) et Guillaume Clayssen, dramaturge et professeur de philosophie. La lointaine proximité de l’oeuvre d’Euripide guide notre travail d’adaptation. Nous tentons d’accueillir cette part d’étrangeté en assumant les écarts entre le monde antique et le nôtre « pour voir en quoi cette connaissance d’un passé autre bouscule notre connaissance du monde contemporain »
Peut-être pourrons-nous ainsi « découvrir par comparaison notre propre étrangeté » ?
Des nombreuses questions que pose Les Bacchantes, c’est particulièrement celle de la folie que nous tenterons d’éclairer. Au coeur de la fabrication du spectacle, nous
questionnerons les limites de notre humanité.