Shakespeare or not Shakespeare ?… C’est l’histoire de quatre acteurs sud-africains qui se trouvent obligés de jouer le Macbeth du grand William. Eux ils parlent de nombreuses langues et ont plutôt envie de témoigner de leur vie que de faire entendre une pièce qu’ils ne savent pas comment jouer. Ces quatre-là (au réel des rappeurs reconnus en Afrique du Sud) inventent donc une langue de circonstance, aux intonations bouleversées. Jean-Paul Delore, le metteur en scène, a beaucoup travaillé en Afrique et poursuit ici ses aventures avec ce continent à la recherche d’une poésie à la fois trash et swinguante. Au rythme vif d’une musique jouée en direct apparait un chassé-croisé tragi-comique sous double influence, entre la clownerie des comédiens de Johannesburg et le drame shakespearien universel.
la nouvelle création de Jean-Paul Delore
Cette nouvelle création s’inscrit dans la continuité des précédentes. Mes voyages vers le grand Sud, le multilinguisme, la musique, mon choix d’écrire pour des acteurs hors norme sont autant d’éléments traçant les lignes de cette poésie sonore savante et bricolée en suspens, qu’annoncent déjà des titres en forme de locutions adverbiales faussement simples. Ainsi après Peut être (2008) puis Sans Doute (2013), Macbeth quand même vient compléter une trilogie de l’incertitude de l’instabilité du désordre et de l’irrésolution. J’aime les mots caméléons ou mots mensonges qui changent de sens avec le contexte et la façon dont on les accentue. Des mots qui, pour exister, ont besoin de la voix, du corps….Ces mots qui avancent masqués, polis par l’usage quotidien et qui pourtant, isolés, nous laissent démunis…Des mots de travailleurs pleins de sous entendus. Et puis dans quand même il y a l’idée du malgré tout, sentiment complexe, mélange d’insolence et de résignation: ne pas se soumettre au bon sens, à la peur, à la fatigue et, même si c’est vain dangereux et sale, mettre en doute, se battre et aimer… quand même.