Ici ni Capulet et Montaigu, mais des visibles et des invisibles…Voilà des générations que chacun mène sa vie de part et d’autre d’un pont. Quand l’histoire commence, on découvre Romy, une invisible, championne de ping-pong qui vit avec les siens. Un jour, elle brave l’interdit, franchit la frontière, et tombe littéralement sur Pierre, un visible. Ces deux-là connaitront-ils le destin tragique des amants de Vérone ? En toile de fond de cette fable tendre, l’invisibilité des minorités. Pour la servir délicatement, les ingrédients d’un fascinant ciné-spectacle signé des créateurs de La Coordonnerie, Métilde Weyergans et Samuel Hercule : cinéma, théâtre, bruitage et musique live.
texte, réalisation et mise en scène Métilde Weyergans et Samuel Hercule musique originale Timothée Jolly et Mathieu Ogier avec sur scène Métilde Weyergans, Samuel Hercule, Timothée Jolly, Mathieu Ogier et, à l’écran Samuel Hercule, Valentine Cadic, Marin Moreau, Benoit Moreira Da Silva, Katell Jan, Aurélia Petit, Pasquale d’Inca, Chloé Chomis, Louise Pagès…assistants réalisation Kévin Soirat, Louise Pagès scripte Louise Albon image Vadim Alsayed décors Victor Melchy costumes Rémy Le Dudal conception masques Adèle Ogier montage Julien Soudet effets spéciaux Chadi Abo, Naser Abo / Hecat Studio direction de production tournage Lucas Tothe création sonore Adrian’ Bourget assisté de Nicolas de Gélis création lumière Sébastien Dumas construction machinerie Frédéric Soria, Dominique Mercier-Balaz, Michaël Dimier assistantes à la mise en scène Pauline Hercule, Sarah Delaby-Rochette régie générale Pierrick Corbaz régie son Adrian’ Bourget, Eric Rousson régie lumière Sébastien Dumas, Ludovic Bouaud régie plateau Pierrick Corbaz, Dominique Mercier-Balaz production, administration Anaïs Germain et Caroline Chavrier
production La Cordonnerie coproductions Le Volcan – Scène nationale du Havre, Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – Scène nationale, Théâtre de Lorient – CDN, maisondelaculture de Bourges / Scène Nationale, TANDEM Arras-Douai – Scène nationale, Le Vellein, scènes de la CAPI, Le Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène européenne, Théâtre de la Croix-Rousse – Lyon, L’Onde – Théâtre et Centre d’Art de Vélizy-Villacoublay, Le Quartz – Scène nationale de Brest, Le Cratère, Scène nationale d’Alès, Escher Theater (Luxembourg) avec le soutien de La Garance, Scène nationale de Cavaillon et la participation artistique de l’ENSATT avec l’aide de la SPEDIDAM.
La Cordonnerie est soutenue par le Ministère de la Culture / DRAC Auvergne – Rhône – Alpes, la Région Auvergne – Rhône – Alpes et la Ville de Lyon.
« Mélancolique, poétique, politique… Pour leur nouveau ciné-spectacle, Samuel Hercule et Métilde Weyergans s’inspirent des amours interdites de Roméo et Juliette. Ils nous plongent dans un conte contemporain poignant et pénétrant. En faisant naître un ailleurs artistique de toute beauté. (…). Interrogeant avec beaucoup de perspicacité, mais aussi beaucoup de délicatesse, les notions de normalité et d’exclusion, de liberté et de fuite, Ne pas finir comme Roméo et Juliette est une véritable ode au voyage. A l’ailleurs. A la rêverie. A l’insoumission. Une ode onirique et métaphysique qui se saisit de notre imaginaire, dès les premiers mots, les premiers plans, pour ne plus le lâcher. Tout ceci est d’une grande finesse. D’une grande qualité d’écriture et de vision. Samuel Hercule et Métilde Weyergans nous invitent, généreusement, à nous promener en leur compagnie. Ils nous guident sur des chemins de traverses menant à des territoires artistiques accomplis et inattendus.»
Le Terrasse (Manuel Piolat-Soleymat – 10/2020)
« Qu’est-ce qui sépare les êtres ou, à l’inverse, les unit ? En revisitant les thèmes de la tragédie de Shakespeare (l’amour et la rivalité entre les Capulet et les Montaigu), la compagnie de La Cordonnerie invente un monde où vivent, de part et d’autre d’un pont que personne ne franchit, les visibles et les invisibles, ces derniers étant tous uniformément masqués. Romy, invisible, et néanmoins championne de ping-pong, traverse et rencontre de l’autre côté Pierre, visible et rêveur… Une histoire d’amour impossible que La Cordonnerie raconte avec sa technique bien rodée du ciné-spectacle, qui réunit avec savoir-faire cinéma, théâtre, musique et bruitage. Les quatre artistes réalisent sur scène ce tour de force qui consiste à jouer, à fabriquer l’univers sonore et à doubler en direct le film, créé en amont. Cette fois, la fable contemporaine qu’ils construisent interroge une société qui marginalise et rend transparents certains individus. À partager avec les plus grands.»
Télérama (Françoise Sabatier-Morel – 10/2020)
« Après un Don Quichotte fantasque et fantaisiste en Picardie, la Compagnie de la Cordonnerie invente la tragédie shakespearienne normande. Le ciné-spectacle est cette rencontre improbable entre image, son et jeu des comédiens. Ils sont quelques-uns à s’aventurer dans ce genre théâtral, à la croisée du théâtre et du cinéma. La Compagnie de la Cordonnerie est de ceux-là. Ses spectacles conjuguent tous les ingrédients du rêve, du conte avec un gros soupçon de fantaisie.(…) Ne pas finir comme Roméo et Juliette est un conte, une fable où l’invisible devient la métaphore de ceux qui sont relégués au ban de la société, tandis que la peur, la haine alimentent l’autre monde. Un spectacle sur l’étrangeté, dont la fabrication elle-même, cette interpénétration de tous les arts, ajoute une dimension féerique et poétique.» L’Humanité (Marie-José Sirach – 10/2020)
Avril 2003. Après avoir passé du temps à voyager, avoir été comédienne et journaliste, avoir croisé la route de Jean Périmony, Chantal Ackerman ou André Grégory, Métilde Weyergans travaille depuis quelques mois pour la Quinzaine des réalisateurs, une des sections parallèles du festival de Cannes. Elle est en charge de la sélection des courts métrages, ce qui l’amène à découvrir « Le principe du canapé » réalisé par Samuel Hercule (sans doute un pseudo, se dit-elle). Lui n’a jamais été journaliste, mais après une formation d’acteur dans le cadre d’un compagnonnage avec la compagnie Les Trois-Huit à Lyon sous les regards de Sylvie Mongin-Algan et Elisabeth Macocco, il a créé aux côtés du compositeur Timothée Jolly des premiers spectacles légers et atypiques, musicaux et cinématographiques. Les répétitions avaient lieu dans l’arrière-boutique d’une Cordonnerie de la presqu’île de Lyon, le nom de la compagnie était trouvé… Bref, le court métrage est sélectionné, et c’est le début d’une longue histoire… Réunis par le cinéma, c’est ensemble qu’ils continueront à explorer et à perfectionner une écriture théâtrale contemporaine et novatrice : le ciné-spectacle, une performance mêlant théâtre, musique et cinéma. Ils travaillent ensemble à quatre mains, réinventent et se réapproprient des contes, adaptent des monuments du théâtre ou des figures mythiques de la littérature : Hamlet de Shakespeare, Frankenstein de Mary Shelley ou encore très récemment le Don Quichotte de Cervantès.
Ni Capulet ni Montaigu, mais des visibles et des invisibles. Un monde coupé en deux par une frontière qui ne dit pas son nom, une séparation que personne n’aurait l’idée de remettre en cause, parce que c’est comme ça. Les barrières mentales sont parfois plus solides que les barbelés. Avec « Ne pas finir comme Roméo et Juliette », fable surnaturelle et politique, nous voulons mettre en scène l’histoire de deux êtres qui défient la ligne droite qui leur était destinée. Deux êtres qui ne devraient pas s’aimer, seuls face au poids d’un système qui n’a que faire des vilains petits canards. Deux êtres qui, en se rencontrant, vont bousculer leurs préjugés et leurs croyances. Notre spectacle s’inspire du fantasme de H.G. Wells en imaginant l’invisibilité comme un état de fait. Nous sommes dans un monde qui fonctionne ainsi, sans que l’on sache pourquoi certains sont visibles et d’autres pas. L’invisibilité des minorités et des plus démunis est au coeur des questionnements du monde actuel. Notre société marginalise les individus, les efface, les rend de moins en moins audibles, et finit parfois par les déshumaniser. C’est en suivant le destin de Romy et Pierre, des luttes et des peurs qui sont les leurs, que nous allons nous interroger. Qu’est-ce qui construit le sentiment d’appartenance à un groupe, à une société? Comment trouver la force de sortir des sentiers battus, des modèles dominants? Jusqu’où est-il possible de renoncer à la figure humaine? Si l’amour rend aveugle, comment aimer quelqu’un que l’on ne voit pas ? Peut-on réinventer ses sentiments ?
Cette plongée dans l’inconnu et l’étrangeté sera l’occasion, grâce aux multiples matériaux qui sont les nôtres (le théâtre, le cinéma, le bruitage, la musique), de raconter cette histoire en cherchant à faire exister deux mondes si loin, si proches… La société sonore des invisibles fusionnera avec notre fabrique de sons qui deviendra un élément moteur de notre histoire. Bruitages, théâtre, musique et cinéma s’imbriqueront, se répondront et se complèteront pour illuminer le vide, suggérer la présence, et donner vie à cette impossible idylle. Romy et Pierre finiront par croiser le tragique destin des célèbres amants de Vérone, jusqu’à vivre à leur tour leur histoire d’amour comme un acte d’insoumission, une rébellion face aux algorithmes de leurs vies. Parce qu’ils sont l’un pour l’autre une porte ouverte vers quelque chose de plus grand.
Métilde Weyergans et Samuel Hercule