Nos Désirs font désordre, formule empruntée aux mouvements de libérations sexuelles dans les années 70, est une pièce qui place nos désirs communs face à la nécessité d’une retenue individuelle. Nous sommes liés aux moeurs sociales, éducatives, aux idées et aux désirs interdits. Mais lorsque nous abandonnons nos restrictions, la nature reprend ses droits pour un nouvel Eden… Les chorégraphes Jonathan Pranlas-Descours et Christophe Béranger nous plongent dans une danse imaginée comme une ode à la liberté, en fleurs (beaucoup de fleurs), en images saisissantes et couleurs intenses. Une proposition aussi picturale que dansée par 12 interprètes très inspirés.
concept, chorégraphie Christopher Béranger & Jonathan Pranlas-Descours, collaboration artistique / création arts visuels Fabio Da Motta création lumière Olivier Bauer création art floral Dorothée Sullam – Chez Marguerite La Rochelle danse Yohann Baran, Vincent Clavaquera, Sarah Deppe, Phanuel Erdmann, Yasminee Lepe Gonzales, Colas Lucot, Hea Mi Jung, Julie Laventure, Alexander Miles Standard, Marius Moguiba, Jonathan Pranlas-Descours performer Shibari Fabio Da Motta performance florale Dorothée Sullam – Chez Marguerite La Rochelle régie lumière Olivier Bauer musique Andy Stott & Led Zeppelin arrangements musicaux Julia Suero dramaturgie Georgina Kakoudaki administration de production Denis Forgeron
production Sine Qua Non Art, coproduction La Coursive Scène Nationale de La Rochelle – Chaillot Théâtre National de la Danse – Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques Malandain Ballet Biarritz (accueil studio) – CCN Rillieux la Pape direction Yuval Pick (accueil studio) – Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine OARA, partenaires Espace Malraux Scène Nationale Chambéry Savoie, partenaire floral Chez Marguerite La Rochelle, avec le soutien de la DRAC Nouvelle Aquitaine dans le cadre du Plan de Relance Danse 2021, Sine Qua Non Art est conventionnée par la DRAC Nouvelle-Aquitaine et reçoit le soutien de la Ville de La Rochelle et de la Région Nouvelle-Aquitain
Christophe Béranger
Diplômé en 1990 de l’E.M.N.D. de La Rochelle, Christophe Béranger devient interprète en 1992 au Ballet National de Lorraine. Il y danse d’abord le grand répertoire classique, sous la direction de Pierre Lacote. Il est nommé en 2000 comme soliste par Françoise Adret , mais c’est à l’arrivée de Didier Deschamps qu’il devient un interprète remarqué du CCN et prend une place particulière au sein de la direction artistique. Dès 2000, il signe ses premières pièces qu’il inscrit au répertoire du CCN, et devient chorégraphe invité pour d’autres structures telles que Les Jeunes Ballets d’Europe, Ballets de l’opéra de Metz, Conservatoires de La Rochelle, d’Avignon. En 2003, André Larquié lui remet les insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, pour sa contribution au Centre Chorégraphique National et son engagement dans l’action culturelle. Didier Deschamps lui confie la direction artistique et pédagogique en 2005 de la Cellule d’Insertion Professionnelle du CCN. Pendant ces 22 saisons d’interprète, Christophe Béranger aura l’occasion de travailler et de créer le répertoire de plus d’une soixantaine de chorégraphes au fil de 80 pièces chorégraphiques. Du répertoire classique de Marius Petitpa, Georges Balanchine, Vaslav Nijinsky, en passant par les néoclassiques Jyry Kylian, Nachuo Duato, Hans Van Manen, William Forsythe, aux chorégraphes contemporains avec qui la création prend un autre sens comme Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljolcaj, Odile Duboc, Merce Cunnigham, Paul Taylor, qu’il explore le travail d’interprète de haut niveau.
C’est en participant aux créations des chorégraphes contemporains tel que Lia Rodrigues, Michèle Noiret, Russel Maliphant, Karole Armitage, Robyn Orlin, Boyzie Cekwana,Faustin Linyekula, Maria La Ribot, Mathilde Monnier et souvent comme assistant artistique aussi qu’il devient un artiste engagé et complet au sein d’une structure d’une ampleur nationale et internationale. Nommé en 2010, comme assistant artistique, puis coordinateur artistique par Petter Jacobsson, il assure jusqu’en 2012 la coordination de l’équipe artistique et technique du CCN.
Jonathan Pranlas-Descours
Diplômé en Arts Plastiques et en Histoire des Arts en 2001, Jonathan Pranlas-Descours continue sa formation à l’Université de Provence Aix-Marseille, où il étudie le théâtre et la mise en scène et obtient le DEUST aux métiers du spectacle. Il s’engage dès lors dans le travail corporel, et débute ensuite sa formation en danse contemporaine à Paris et participe à de nombreuses créations de chorégraphes européens, en Italie avec Rebecca Murgit, en Slovenie avec Mateja Bucar, en Autriche avec Sebastian Prantl (Festival IMPUSLTANZ), en Grèce avec Kostas Rigos (OKTANA DANCE THEATER).
Un parcours en freelance et autodidacte qui lui vaux d’être reconnu plus tard, pusiqu’il intègre, en 2006, P.A.R.T.S (Performing Arts Research and Training Studio) fondée et dirigée par Anne Teresa de Keersmaeker (Bruxelles). Il y suivra les deux cycles de Training et Research, et sort diplomé du master P.A.R.T.S dance school. Il est danseur interprète sur des projets spécifiques tels que: Inferno/ Romeo Castellucci, créé pour la cour d’honneur du Festival Avignon (2008), Dialogue 09 Neues Museum / Sasha Waltz, présenté pour la réouverture du Neues Museum à Berlin (2009), Anyway no way of knowing/ John Jasperse, à l’Opéra de la Monnaie (2010). Il travaille ensuite avec la compagnie SOIT, Hans Van Den Broek, (Ex- Ballet C de la B), Bruxelles et Alexandra Waeirstall, au Tanzhaus de Düsseldorf. De 2011 à 2014, il travaille avec Mathilde Monnier au Centre Chorégraphique National de Montpellier sur plusieurs pièces de création, répertoire et reprise de rôle: Pudique Acide / Extasis / Twin Paradox / Soapéra. Pendant cette période d’interpèrte au CCN, il enseigne l’entrainement régulier du danseur, notamment à La Ménagerie de Verre – Paris, mais aussi à l’international à Taiwan, en Ethiopie, au Bénin et il transmet le répertoire de Mathilde Monnier- CCN de Montpellier notamment au Ballet de Lorraine et à l’Université Paris 8 (Master 1 et 2).
La formule linguistique ’’Nos désirs font désordre’’, apparue dans les années 1970, n’est pas non plus sans rapeller les slogans des communautés engagées autour des libérations sexuelles, en tant que mouvements sociaux et politiques, et plus généralement libération des femmes et libération homosexuelle qui sont historiquement liés. Le slogan lui est toujours utilisé, notamment lors de marches des fiertés. Nos désirs choquent, ils ne vont pas de soi, ils bouleversent l’ordre établi, qu’on le veuille ou non; nos désirs sont politiques (au sens large de « ce qui concerne les affaires de la cité », la vie en société). Désordre mondial et surtout machine globale qui ne cesse d’avancer sans pouvoir s’arrêter. Notion qui sera le fil conduteur de l’écriture chorégraphique: un mouvement perpétuel, une marche, un déplacement constant ne pouvant laisser derrière lui que des figures individuelles, pouvant exprimer sporadiquement des opinions avant de se faire avaler une fois de plus dans la machine, le mouvement. C’est cette masse de corps, qui débute en tenue vestimentaire simple de travail, où les individus sortent chacun leur tour, pour se «laisser attacher» par Fabio Motta, puis reviennent dans le groupe en laissant apparaitre peau et chairs sauvages. Un groupe reste lui non attaché, pouvant ainsi etre les ‘‘gardes-fou’’ de ce désir de mouvement, mais aussi les partenaires pour pouvoir manipuler, porter, prendre soin, guider….
L’univers musical viendra alimenter cette notion de machine mondiale inéluctable et de désir individuel insatiable, au grès d’univers sonore capturés et déformés, de rythme martelant l’inéluctable, de parole individuelle, sensuelle, mélodique. La collaboration avec l’artiste plasticien Fabio Motta, sera le fil conducteur de la transformation, en partant d’un corps libre de ses mouvements, et au fur et à mesure du processus de ‘‘shibari floral’’ qui sera excecuté en direct, empècheront le corps de certaines libertés, donnant lieu aux figures hybrides qui seront créées pour chaque danseurs-euses. Obligée d’emprunter d’autres chemins, tel que le fait la nature dans sa survie à l’homme colonisateur, destructeur, la danse devient autre.
Cette pièce nous rappellera au combien nos libertés d’expressions et de mouvements ne sont qu’ éphémères et précieuses, et que malgré la contrainte, la liberté si elle est intimemement liée au désir peut trouver sa place. ‘‘Faire désordre’’. Que provoque le désir lorsqu’il s’assouvit, lorsqu’il trouve le chemin d’une résolution ? L’art, la création, le corps dansant font-ils désordre dans notre société ? Le corps sexué, affirmé, sexualisé est-il vraiment source d’un nouveau désordre ? Le corps lui-même n’est-il pas source de désordre avant d’être l’objet et le sujet du désir ? L’humain est inscrit dans la finitude, il est un être de désir, qui a bouleversé la nature par son désir insatiable d’entreprendre, de possèder… de faire.


