Aux croisements du burlesque et de l’étrange Pesadilla («cauchemar» en espagnol) raconte la fragilité d’un personnage partagé entre un rêve les yeux ouverts et une vie les yeux fermés. Piergiorgio Milano, vu (entre autres) chez James Thierré, Sidi Larbi Cherkaoui et David Zambrano, revisite le clown par le prisme de la danse avec une extravagance et une inventivité folle. Un théâtre d’aujourd’hui où le corps et la poésie ont toute leur place.
le mouvement
« Pesadilla » se nourrit du mouvement tout en sortant du cadre conventionnel de la danse contemporaine en s’associant au cirque contemporain et en accointances avec l’univers du clown.
Roulade, glissade, remontée en arche, chute, ligne, densité, tension, forme, acrobatie, fulgurance, ralenti, suspension, animalité féroce ou drôle, équilibre, descente au sol, accident, rebondissement, position immobile… Le vocabulaire du spectacle se compose dans une continuité de danse, de cirque et théâtre. En effet, je cherche à explorer et à assouplir la frontière entre la danse, l’acrobatie et le théâtre. Les silhouettes de dessins animés sont pour moi une grande source d’inspiration, leurs capacités à se transformer, la possibilité d’un corps partagé entre une « explosivité » sans limite et une plasticité de la forme au delà du naturel.
Ce solo travaille autour de la question : Comment habiter le mouvement en passant par les extrêmes?
Pour y trouver les ruptures qui libèrent de la tension et suscite le rire.
Les intentions théâtrales apparaissent dans des changements d’états et d’énergies, incarnées dans des corps en pauses et en accélérations.
J’aime revisiter le clown par le prisme de la danse. Je m’attache à trouver un langage théâtralement compréhensible sans perdre la beauté et l’émotion que le geste dansé est capable de transmettre.
L’erreur, le vide, questionne ici non pas le rapport du personnage au public, mais le rapport entre le personnage et sa propre vie. Dans cet univers, nous sommes tous des clowns.
Nous avons tous un public imaginaire qui nous regard, c’est le monde où nous vivons. Cette part de “réel” avec laquelle nous nous s’arrangeons au quotidien, celle à qui nous aimons nous donner à voir comme invincible, mais nous devons toujours à un moment donné nous confronter à l’impossibilité de réussir à dompter totalement ce « réel »… et avant d’ y renoncer, nous cherchons souvent la solution au problème en déclenchant d’autres problèmes. Et c’est aussi de la que naît le burlesque.