L’Orchestre des Pays de Savoie accueille la grande mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac, actrice autant que chanteuse, pour interpréter le Phèdre de Racine, dernière œuvre vocale de Benjamin Britten (1975). Tout l’art lyrique de Britten est concentré dans cette ultime cantate dramatique. Également au programme, les compositeurs Edward Elgar, Ottorino Respighi et une autre œuvre de Britten, Two Portraits.
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Programme
D’emblée l’intensité de Two Portraits, composé à 17 ans par Benjamin Britten, révèle un maître dans l’art du portrait en musique. Celui de son condisciple David Layton est une pièce très chromatique, une déambulation au rythme évocateur d’un vent vif ou du balancement des vagues. Le second, E.B.B., est un auto-portrait : Britten est « personnifié » par son propre instrument, l’alto solo, dont le chant introspectif, très lyrique, garde toujours une dignité pudique.
À l’autre extrême de sa production, la cantate dramatique Phèdre fut sa dernière œuvre vocale, écrite en 1975, moins d’un an avant sa disparition. Tout l’art lyrique de Britten se concentre ici autour du personnage de Phèdre, en cinq passages-clés de l’œuvre de Racine, formidable condensé de toute la tragédie. Les Prologue et Récitatif révèlent le drame, puis la reine s’adresse successivement à Hyppolite, à Œnone sa nourrice et enfin à Thésée son époux, avant de mourir. Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano actrice autant que chanteuse, incarne ce personnage bouleversant (prise de rôle très applaudie en 2005 dans la mise en scène de Yannis Kokkos). En fin de concert, elle interprétera notamment Il Tramonto d’Ottorino Respighi, plus élégiaque que tragique. Polyglotte cultivé très amateur de poètes anglais, Respighi mit en musique plusieurs textes de Shelley – dont cette tendre histoire à la mélancolie élégante, tracé subtil de la Nature, l’amour fusionnel, l’attente calme d’une jeune femme que la Mort n’aura su désunir de son bien aimé… Sans doute inspirée à Edward Elgar par des chants villageois de son Worcester natal, son œuvre pour quatuor à cordes et orchestre reste l’une de ses pièces les plus connues, populaire à juste titre et l’une de ses préférées. Traduisant si bien la précieuse Nature, changeante et intemporelle, au travers de son langage il restaure ainsi la sérénité dans les âmes inquiètes !