Pianomachine donne à voir et entendre une pianiste-improvisatrice aux prises avec son piano augmenté ! L’interprète joue avec le corps du piano, en fait l’autopsie sonore, se loge dans son ventre pour révéler sa longue relation disciplinaire et nourricière à l’instrument. La situation devient progressivement métaphore d’un fantasme d’une humanité qui rêve sa propre augmentation, prolongation… ou réparation.
Dans Pianomachine, le piano est considéré comme un corps. Que se passe-t-il à l’intérieur de cet organisme ? La pianiste et performeuse Claudine Simon s’est toujours posée la question : « A l’intérieur, quelle était cette machinerie, puissance inquiétante et contenue, roulant et grondant sous un coffre de bois, à laquelle j’avais à faire ». Elle associe pour cette création, recherche musicale, visuelle et chorégraphique avec un dispositif dans lequel sont greffés des automates dans le corps du piano. L’instrument devient le sujet central, sa masse, son intensité, ses mécanismes… En modelant les capacités sonores, un nouvel espace de jeu s’ouvre alors et la performance sonore et visuelle révèle un corps à corps poétique. Ici, la technologie permet de bouleverser les structures de perception de l’interprète. Ici, les machines « jouent » sur scène, elles font chorégraphie, sont des présences agissantes. Prothèses hybrides, mécanisation du vivant, animation des objets : ainsi se développe un dialogue entre l’organique et le mécanique, et le prolongement de la longue relation qui lie la musicienne au piano.