« Qu’est-ce que je peux faire ? », « J’sais pas quoi faire… ». Ils sont cinq copains, trois garçons et deux filles. Un « Club des cinq », en panne d’inspiration, qui s’ennuie sur un banc, et pas qu’un peu. Ils s’ennuient à mourir ! C’est là que commence la pièce du chorégraphe Sylvère Lamotte, un voyage dansé joyeux et ludique vers une terre de rêverie. Moderne et drôle, la danse théâtrale de la compagnie Lamento est unique en son genre. Elle célèbre le collectif dans un mouvement vif et engagé, porté par la virtuosité et l’onirisme des interprètes. Le jeu, le plaisir et l’espièglerie de ce Voyage au bout de l’ennui vous raviront.
Chorégraphe Sylvère Lamotte danseuses.eurs Carla Diego, Gaétan Jamard, Caroline Jaubert, Jean-Charles Jousni, Jérémy Kouyoumdjian, Sylvère Lamotte création lumière et son Jean-Philippe Borgogno, Sylvère Lamotteregards extérieurs et complices Brigitte Livenais, Olivier Letellier régie générale Jean-Philippe Borgogno régie plateau Ludovic Croissant
Production Cie Lamento co-productions La Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire, Essonne Danse, La Maison des Arts et de la Culture de Créteil, L’Entracte, scène conventionnée Art en Territoire de Sablé-sur-Sarthe avec le soutien de la MC2 à Grenoble, Visages du Monde à Cergy, le CDN Tréteaux de France, l’Espace Culturel le Reflet à Saint-Berthevin, et l’ADAMI
La Cie Lamento est soutenue par la Direction Régionales des Affaires Culturelles Auvergne Rhône- Alpes, Ministère de la Culture et de la Communication, le département d’Isère et la ville de Grenoble. Sylvère Lamotte est artiste associé à la Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire. La compagnie est en résidence au sein d’Essonne Danse.
” Un « Voyage au bout de l’ennui » dansant et réjouissant. Les danseurs virevoltent, les rêveries s’installent, les pitreries deviennent bêtises, puis folie. (…). Jouissif. ” Ouest France – Octobre 22
” Voyage au bout de l’ennui, la dernière création de Sylvère Lamotte nous convie avec espièglerie et délectation à renouer avec notre imaginaire d’enfant. Et c’est une belle réussite.(…)
Voyage au bout de l’ennui séduit par sa danse pimentée de facéties et de drôleries, hautement recommandable et recommandée pour nos enfants et les enfants que nous sommes, espérons-le, un peu restés au fond de nous. ” A voir et à danser – Décembre 2022
” Un spectacle joyeux et inventif autour de la communauté, du temps et de l’attente. “ Télérama – Rosita Boisseau – Décembre 2022
” Sylvère Lamotte déjoue les pièges du titre de sa création pour livrer une réflexion, enjouée mais profonde, sur la dynamique de l’ennui à hauteur d’enfant. Il est un temps pour soi, un temps avec les autres, qui peuvent être fête, exultation des corps, et également ironie – qualité dont font preuve les danseurs et le chorégraphe envers eux-mêmes pour notre plus grand plaisir.” La Terrasse – Nathalie Yokel – Décembre 2022
Créée en 2015 par Sylvère Lamotte, la compagnie Lamento met l’expérimentation physique et relationnelle au coeur de sa pratique. Très tôt initié à la danse contact, à laquelle il reste attaché dans sa pratique, le chorégraphe fonde sa recherche sur la rencontre avec l’autre comme sur la conscience de soi, déployant son écriture entre expressivité et abstraction.
En proche collaboration avec Jérémy Kouyoumdjian, rencontré au Ballet Prejlocaj, Sylvère Lamotte explore ses propres protocoles de travail, ouverts à la réflexion collective, à l’improvisation et à la spontanéité des propositions. Le training du danseur au quotidien est également intégré au fonctionnement de la compagnie. Tout en préservant l’autonomie des interprètes, Sylvère Lamotte aménage ces temps comme ceux de questionnements communs sur le corps, de façon à améliorer la connaissance des outils par les interprètes et la cohésion du groupe. La compagnie Lamento investit également des temps de résidence in situ, délocalisant la salle de répétition pour enrichir ses rencontres, ses expériences, et multiplier les regards.
En 2015, Sylvère Lamotte présente sa première création, Ruines, un duo, accompagné d’un musicien live, réinterprétant des grandes figures de l’iconographie religieuse et populaire (pièce qui reçoit le Prix Beaumarchais SACD 2016) puis Les Sauvages en 2017, un quintet masculin à partir duquel il interroge la dimension corporelle des relations de groupe. Suit en 2019 L’écho d’un Infini. Toutes ces pièces ayant eu la chance d’être programmées à Avignon.
En 2021 il crée Tout ce fracas, quatuor pour trois danseuses et un musicien live (Stracho Temelkovski). La pièce est née d’une recherche au long cours (2012-2019) en immersion dans les centres de réhabilitation et hôpitaux autour de la question de la réappropriation sensible du corps. Son fondement prend racine dans l’expérience de corps de danseuses-circassiennes porteuses de handicap apparents ou non.
Depuis les débuts de la compagnie, il multiplie les collaborations avec les élèves de dernière année du CNDC d’Angers, du CNSM de Paris et de l’Académie Fratellini (Cirque) pour lesquels il crée plusieurs pièces de répertoire.
Il collabore également avec le théâtre, notamment sur la pièce Un furieux désir de bonheur mise en scène d’Olivier Letellier (Théâtre du Phare) ainsi qu’Un sacre de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix.
En replongeant dans ses souvenirs d’enfances, Sylvère Lamotte a connecté cette question de l’ennui avec celle de l’attente pendant ces longs après-midi des dimanches sans fin, des crêpes sur le Billig, où l’excitation laissait place à ce sentiment de découragement, qui étirait le temps. Dans ce laps de temps, qui paraissait interminable, c’est vers la danse qu’il se tournait, le corps devenant un outil malléable et inépuisable de détournements poétiques.
Voyage au bout de l’Ennui est conçu comme une invitation à embarquer pour une terre d’imaginaire et de rêverie, qui n’est pas sans rapport avec le temps de l’enfance. Le chorégraphe parle de l’ennui avec un groupe de cinq danseurs, même si dans notre inconscient collectif, s’ennuyer est plutôt apparenté à un état solitaire. Pour un danseur, embarquer dans un voyage pour l’ennui pourrait sembler contre-nature car danser, c’est fondamentalement effectuer des actions ! Découle alors une multitude de questions : sous l’immobilité apparente quels mouvements peuvent exister ? Quels réels mouvements produit l’ennui ? Qu’est- ce qu’un corps de la non-action, du non-vouloir ? Est-ce possible de s’ennuyer seul au milieu d’une foule ? L’ennui peut-il être un élan collectif et non un constat ? Allez venez, on s’ennuie !
Cette nouvelle création est née d’un désir de s’emparer de la notion d’ennui par le corps. L’ennui en groupe, l’ennui comme forme d’une attente, comme forme du temps étiré. Cette notion de temps long dans la danse, de suspension, d’apnée, Sylvère Lamotte l’a déjà abordée dans sa première pièce, Ruines. Une pièce très physique où la lenteur et la poétique des corps questionnaient le regard du spectateur. Cette fois, le chorégraphe prolonge sa réflexion et propose une Odyssée collective pour l’ennui. La notion d’ennui est abordée au travers de la physicalité et de la poétique des corps, avec l’envie de rappeler que s’ennuyer, seul.e ou à plusieurs est une chance. Un temps humain nécessaire à l’imagination, à toute production artistique.
Avec cette pièce, le chorégraphe s’adresse en particulier aux jeunes générations, mais que l’on ait 7 ou 77 ans, ce voyage est destiné à notre âme d’enfant. Nous avons tous fait l’expérience de ce temps étiré, de ce sentiment de vacuité. C’est là que prend racine l’angoisse du temps perdu, voire la culpabilité de l’immobilité apparente mais aussi la joie du nouveau, de l’inconnu. Face à la crainte que produit l’ennui dans notre inconscient collectif, les danseurs cheminent sur cette ligne de crête, les angoisses d’un côté, le jugement de l’autre, en allant vers cet imaginaire qu’ouvre ce « Hors-temps ».
Hors-temps qui est également le lieu de naissance des liens qui forment une idée. C’est dans ce temps perdu que nous cherchons à danser collectivement, reliant ennui et création.
Dans ce rapport intime que j’entretiens à l’ennui et plus spécifiquement au temps qui stagne et s’éternise, le collectif m’est toujours apparu comme un espace de résonance salvateur. Non pas pour fuir ou « vaincre » l’ennui mais pour le prolonger, l’amplifier. Dans ce champs des possibles, on peut envisager de le partager. Qui ne se souvient pas d’un moment de solitude au milieu d’un groupe, captivé, émerveillé ? Ici le groupe amplifie mon état de conscience et s’évader n’a jamais été aussi facile qu’à contre- courant. Je souhaite cette ode à l’ennui profondément ludique où les corps collaborent dans un jeu de construction pour s’évader et continuer cette odyssée des errances.
Danser l’ennui n’est pas danser le rien. A la manière d’un funambule, c’est danser une certaine expérience du temps, une façon de faire résonner le temps à jamais perdu. C’est chercher des états de suspensions et d’errances. Les danseurs au plateau sont pareils aux chats et à leur manière fascinante et secrète de remplir leurs journées. A la manière d’Alice (chez Lewis Caroll) dans son moment d’ennui, ils suivent leur instinct vers un monde imaginaire.



