Riyad a 22 ans quand il est arrêté par les services de renseignement syriens. Accusé d’espionnage, il est détenu pendant plus de vingt ans dans la prison de Saidnaya, haut-lieu de détention du régime de Bachar al-Assad. Il s’était juré de témoigner s’il s’en sortait vivant. Il tient ici sa promesse. Avec quatre anciens détenus passés eux aussi par l’enfer carcéral syrien, il raconte quatre décennies d’un système dictatorial. Après nous avoir bouleversés avec sa pièce X-Adra, le metteur en scène Ramzi Choukair poursuit son engagement aux côtés de ceux qui tentent de construire, à travers leurs témoignages, la mémoire collective de leur peuple. Un formidable souffle de vie.
Un bord de plateau aura lieu à l’issue de la représentation de Y Saidnaya du 22 novembre avec Ramzi Choukair et probablement les comédiens.
En partenariat avec Migrant’scène.
Conception, texte et mise en scène Ramzi Choukair avec Hend Alkahwaji, Riyad Avlar, Jamal Chkair, Samar Kokach, Shevan-René Van der Lugt collaboration artistique Estelle Renavant conseil littéraire et surtitrage Céline Gradit musique Saleh Katbeh création lumière Franck Besson création vidéo Stéphane Rossi régie Stéphane Lemaire assistant Ghassan Hammash traduction Simon Dubois (Fr), Annamaria Bianco (It) régie générale Maria Hellberg administration, production Estelle Renavant, Leïla Carpier
Production de création Perseïden avec le soutien de AFAC (the Arab Fund for Art and Culture), Département des Bouches-du-Rhône – Centre départemental de création en résidence, DRAC PACA, Fondation Abbé Pierre, Institut Français de Naples, Région PACA coproductions Bonlieu – Scène Nationale Annecy, La Villette – Paris, Fondazione Campania dei Festival – Napoli Teatro festival Italia, Espace Malraux – Scène Nationale Chambéry, Théâtre d’Arles accueils résidence Le Zef – Scène Nationale Marseille, Domaine de l’Etang des Aulnes, La Villette – Paris, Bonlieu – Scène Nationale Annecy, Théâtre du Bois de l’Aune, Teatro Bellini Napoli
Comédien et metteur en scène de nationalité franco-syrienne, Ramzi Choukair est né le 12 juin 1971 à Beyrouth au Liban. Il vit actuellement à Marseille, France.
Il est diplômé de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Damas (section jeu). En 2001, il obtient un D.E.A. d’Art du spectacle à Paris VIII.
En 2010, dans la continuité de précédentes collaborations avec le théâtre Jean-Vilar de Vitry sur Seine, il créé le festival Al Wassl plateforme / Arts Méditerranée. De 2011 à 2013, il intervient comme conseiller artistique sur le projet des dramaturgies arabes contemporaines de la Friche la Belle de Mai à Marseille.
Al-Zîr Sâlem et le Prince Hamlet, qu’il adapte à partir de deux textes, l’un oriental, l’autre occidental, est sa première mise en scène. Le spectacle est créé et joué au cours de la saison 2002-2003 au Palais al-Azem de Damas et en 2005 à l’Opéra de Damas ainsi qu’au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, puis à Amman, Alep et Dubai entre 2005 et 2007. En 2007, il adapte deux textes d’Aristophane et crée L’assemblée des femmes avec des acteurs masculins et un chœur d’interprètes sourds-muets au Théâtre National Al Hamra de Damas. Le spectacle est présenté l’année suivante à Damas et au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. En 2018, il
Comédien et metteur en scène de nationalité franco-syrienne, Ramzi Choukair est né le 12 juin 1971 à Beyrouth au Liban. Il vit actuellement à Marseille, France. Il est diplômé de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Damas (section jeu). En 2001, il obtient un D.E.A. d’Art du spectacle à Paris VIII. En 2010, dans la continuité de précédentes collaborations avec le théâtre Jean-Vilar de Vitry sur Seine, il créé le festival Al Wassl plateforme / Arts Méditerranée. De 2011 à 2013, il intervient comme conseiller artistique sur le projet des dramaturgies arabes contemporaines de la Friche la Belle de Mai à Marseille.
Al-Zîr Sâlem et le Prince Hamlet, qu’il adapte à partir de deux textes, l’un oriental, l’autre occidental, est sa première mise en scène. Le spectacle est créé et joué au cours de la saison 2002-2003 au Palais al-Azem de Damas et en 2005 à l’Opéra de Damas ainsi qu’au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, puis à Amman, Alep et Dubai entre 2005 et 2007. En 2007, il adapte deux textes d’Aristophane et crée L’assemblée des femmes avec des acteurs masculins et un chœur d’interprètes sourds-muets au Théâtre National Al Hamra de Damas. Le spectacle est présenté l’année suivante à Damas et au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. En 2018, il créé X-Adra à la Filature – Scène Nationale de Mulhouse avec six anciennes détenues politiques syriennes. La tournée se poursuit en 2018 et 2019 avec 13 représentations en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Comme comédien, il joue aussi bien en Syrie qu’à l’international. Dans le spectacle monté à partir de L’épopée de Gilgamesh, Gilgamesh, mis en scène par Pascal Rambert à la Citadelle de Damas en mars 1998 et repris au Festival d’Avignon en juillet 2000. En 2009-2010, il joue dans Hiroshima mon amour, mis en scène par Julien Bouffier. En 2011, il travaille sous la direction de Tim Suppl dans Mille et Une Nuits, spectacle en tournée internationale en 2013.
Plus récemment, il est acteur dans Anéantis de Sarah Kane sous la direction de Myriam Muller (2018), dans The Factory de Mohamad Al Attar, mis en scène par Omar Abu Saada (2018).
En 2016 il obtient le prix Helen Hayes du meilleur acteur pour le rôle de Jean-Baptiste dans Salomé, mis en scène par Yaël Farber et créé à Washington en novembre 2015. Le spectacle est recréé en mai 2017 au National Theatre de Londres.
Pour la télévision, il joue dans les saisons 2 et 3 du Bureau des légendes (2016/2017).
Il est également acteur de cinéma, en 2016 dans Arwad de Samer Najari et Dominique Chila (Canada), film présenté en compétition officielle dans plusieurs festivals, notamment à Montréal, Rotterdam, Carthage, ainsi qu’à New York, en Afrique du Sud, en Pologne, en Turquie, en Jordanie et en Finlande. En 2020, il joue le rôle de Sultan Al-Atrash dans From the Mountain, réalisé par Faisal Attrache (USA). Il joue également dans La fracture, de Catherine Corsini, en compétition officielle au Festival de Cannes 2021. En 2022, on le voit à l’affiche de La conspiration du Caire, réalisé par Tarik Saleh (Suède), qui remporte le prix du scénario du Festival de Cannes.
En Syrie en mars 2011, des centaines de milliers de syriens de toutes confessions et origines manifestent pacifiquement pour réclamer la démocratisation du régime. Partageant ma vie entre la France et la Syrie depuis une dizaine d’années, je quitte Damas en novembre 2010, quelques mois avant le soulèvement populaire. Je ne devais pas y retourner. Mon engagement pour la révolution, je l’ai mené depuis la France. Il s’est limité aux rassemblements de soutien, aux communiqués et pétitions.
Les mois passent. Les années. Mon pays s’enlise dans la guerre, mes proches s’exilent, meurent sous les balles ou dans les cachots du régime, pendant que d’autres trahissent et soutiennent le pouvoir en place. Le vent de liberté des premières heures du soulèvement cède la place à un quotidien d’une brutalité indicible. Un quotidien dont je ne fais pas partie. Mon enthousiasme, mon espoir des débuts, se muent en angoisse permanente et en culpabilité. Je deviens obsédé, je suis connecté jour et nuit, Facebook est ma principale source d’information et une rubrique nécrologique sans cesse alimentée.
C’est aussi à cette période que je commence à prendre conscience de ma position d’homme, d’homme dans la société syrienne. Aux premiers jours de la Révolution, ma sœur me dit au téléphone « notre problème ce n’est pas seulement de faire tom- ber le dictateur qui est à la tête du pays, c’est aussi de faire tomber chaque dictateur, dans chaque maison en Syrie ». Je comprends alors que notre révolution vient à peine de commencer et qu’elle durera longtemps.
En 2015, en Turquie, je rencontre Mariam, une jeune femme de 25 ans tout juste sortie des geôles syriennes. Son récit me bouleverse. Je suis d’autant plus trou- blé que c’est aussi un pan de mon passé qui revit par son intermédiaire. En prison, Mariam a connu une de mes amies. Avec Samar Al-Shamia (son pseudonyme), nous avons étudié à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Damas et vécu une histoire d’amour. La dernière fois que nous avons été en contact, c’était en 2013, vingt jours avant son arrestation. Je conçois alors le projet de porter au plateau les récits de syriennes, anciennes prisonnières du régime, pour rappeler la présence et le rôle de premier plan que les femmes ont joué dans cette révolution. Le spectacle X-Adra est créé en janvier 2018 avec six activistes exilé.e.s en Europe. Elles disent la détention, l’engagement, l’exil aussi, dans une narration qui porte en filigrane l’élément fondamental qu’elles ont en commun et dont témoigne leur présence sur scène : leur combat pour la liberté et l’émancipation.
Second volet de la trilogie, Y-Saidnaya tente de décrypter le système contre lequel le peuple s’est soulevé, décoder l’organisation sociale qu’il a instaurée. À l’instar des puissances coloniales qui l’ont précédé – ottomane, française – le régime syrien a œuvré pour entretenir la méfiance et la désunion entre les communautés. Il a façonné une société malade, l’a maintenue dans un état léthargique pour asseoir son pouvoir.

