Quichotte

Gwenaël Morin

Après des études d’architecte, Gwenaël Morin s’engage dans la voie du théâtre. À partir de 2009, il expérimente aux Laboratoires d’Aubervilliers le « théâtre permanent » sur trois principes : jouer tous les soirs, répéter tous les jours, transmettre en continu. Il y a monté Woyzeck, Hamlet, Bérénice, Antigone… Il dirige le Théâtre du Point du jour à Lyon de 2013 à 2018 où il crée Les Molière de Vitez et Les Tragédies de juillet. De Beckett à Sophocle, en passant par Molière, Racine et Shakespeare, chantres d’un théâtre brut, toujours en transformation, ses mises en scène radicales arrachent le comédien aux artifices de la représentation pour mieux réduire la distance entre le public et la puissance des textes du répertoire. En 2023, à l’invitation de Tiago Rodrigues, il initie Démonter les remparts pour finir le pont un programme sur 4 ans avec le festival d’Avignon qu’il inaugure avec Le Songe d’après Shakespeare. Depuis janvier 2024, Gwenaël Morin est artiste associé à Bonlieu, scène nationale d’Annecy et au TnBA, CDN de Bordeaux Nouvelle Aquitaine.

Note d’intention

« Un homme d’âge mur décide un beau jour de quitter tout ce qui faisait sa vie jusque-là pour s’en aller courir les routes, apparemment au hasard, mais en réalité à la poursuite d’un but bien défini, qui est simplement de mettre en pratique ce qu’il a lu dans les livres.

Il lui arrive des aventures dont la plupart tournent mal, mais ni les souffrances qu’il endure, ni les moqueries, les déconvenues ou les coups, ne le détournent du dessein qu’il a formé. Pour accomplir cette mission qui l’emporte à ses yeux sur toutes les autres tâches humaines, Don Quichotte renonce à ce qu’il possède, et consent sans hésiter au sacrifice de sa personne et de sa vie. Intraitable, impossible à convaincre, sourd aux enseignements de l’expérience, infatigable et mélancolique, il est promis à une continuelle défaite, mais ne se décourage pas, car au fond il n’espère rien, sachant fort bien que son projet est aussi irréalisable que nécessaire. » Ainsi Marthe Robert résume-t-elle le portrait de Don Quichotte dans l’introduction de son essai L’ancien et le nouveau. Je lis dans ce portrait une métaphore de ma propre vocation artistique et une définition éclatante de l’engagement de l’acteur. « Mettre en pratique ce qu’il a lu dans les livres ». De quoi s’agit-il d’autre quant à partir d’un texte « il » : l’acteur, essaie de faire du théâtre ? Et comment et pourquoi à partir d’un texte écrit par un autre dans un autre temps et dans un autre lieu, affirme-t-il ou croit-il affirmer quelque chose qui lui soit propre et nécessaire ici et maintenant ? A l’instar de Don Quichotte qui armé de ses fictions littéraires se lance à l’assaut du réel au nom de la justice, je propose à mon tour, armé de mon expérience forgée au contact des plus illustres dramaturges (Shakespeare, Racine, Sophocle, Molière…) de me lancer à l’assaut du roman de Cervantes pour en faire du théâtre.

Prochainement