Dans une belle banlieue américaine, un riche et somptueux mariage est sur le point d’être célébré. Au fil de la journée, des événements vont se succéder et perturber la perfection de l’événement… Robert Altman (Short Cuts), en maître de cérémonie, sonde le chaos derrière l’ordre dans un film choral (48 personnages !) jouissif. Une peinture au vitriol de la grande bourgeoisie à découvrir en copie restaurée !
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Au commencement était le chaos. Alors, l’homme inventa la vie en société, et son corollaire : le rituel. Et Robert Altman, cinéaste américain, décida de se pencher sur la question. Bien avant les moeurs et traditions d’Hollywood (The Player) ou celles de la mode (le futur Prêt-à-porter), il avait orchestré une grand-messe country (Nashville, 1975) et avait reconstitué, trois ans plus tard, le premier, le plus évident des grands rites tribaux : le mariage… Comme ses autres films, Un mariage fourmille d’« ersatz de metteurs en scène » (1) qui tentent de mettre de l’ordre : il y a l’évêque, bien sûr (joué par le cinéaste John Cromwell !), mais aussi Rita (Geraldine Chaplin), organisatrice des festivités, sans oublier le chef de la sécurité et l’incontournable cinéaste amateur. Pourtant, responsables ou simples exécutants, les quarante-neuf personnages de cette cérémonie sont tous sur le même pied. Car le seul, le vrai maître de cérémonie, c’est Altman. Les autres sont défaillants : l’évêque est gâteux ; le chef de la sécurité, parano ; le cinéaste amateur filme les fleurs. Altman, lui, révèle le chaos derrière l’ordre apparent : l’aïeule meurt inopinément, les invités ne viennent pas, la mère du marié est héroïnomane, la soeur de la mariée (Mia Farrow) est nymphomane, et une tornade menace d’emporter ce qui peut encore l’être… On rit beaucoup, bien sûr. Mais, quand tout est fini, on n’est pas loin de se sentir, comme Geraldine Chaplin, « si triste ». Les mariés ont sûrement vieilli. Un mariage n’a pas pris une ride – Vincent Remy